Chapitre 1 : Moscou ~ 1982 - 1989 Je suis venu au monde en Russie durant la guerre froid entre les Etats Unis et l’ancienne URSS, ça semble hors de sujet mais pas du tout, pour comprendre ma vie et mes décisions il faut comprendre ce que j’ai vécu avant mon arrivé ici. Enfant, j’avais des parents formidables, amants, j’étais fils unique donc très gâté et particulièrement heureux. Malgré le fait que je voyais très peu mon père. Celui-ci faisait partie de l’armée russe, il a d’ailleurs assisté à beaucoup d’horreur, malgré les conflits dans son pays il a décidé de faire un enfant avec son épouse, Ella. Il avait d’ailleurs quarante ans quand je suis né. Les mois sont passés, les années aussi, ma petite famille était très heureuse et rien ne pouvait noircir le tableau, rien ne pouvait nous séparés. Malheureusement je n’étais encore qu’un enfant et je ne m’attendais pas vraiment à ça. Ce soir là, mon père est rentré précipitamment de son travail, j’avais sept ans et je jouais tranquillement dans le salon, j’ai vu mon père courir jusqu’à sa chambre, suivit bien entendu de ma mère. De là ou j’étais je pouvais entendre toute la discussion entre mes deux parents.
« Qu’est ce qu’il se passe Loukas ? Pourquoi tu mets nos vêtements dans les valises ? » « Faut que tu partes Ella, faut que tu fuis rapidement avec Nikolaï, tout de suite, des hommes vont venir te chercher et vous allez partir tous les deux aux Etats Unis ! » « Hein ? Non mais tu divagues ou quoi, qu’est ce qu’il se passe ? » Il n’a pas eu le temps de répondre à sa demande qu’un homme est rentré dans notre maison. Il m’a attrapé dans ses bras et m’a promis que tout irait bien autant pour moi que pour ma mère. Poussée par mon père, ma mère a atterrit à mes côtés dans la voiture. Ce soir-là nous avons dit au revoir à notre maison, à notre pays, à mon père resté à Moscou. Je me souviens parfaitement du sentiment que j’ai ressenti à ce moment-là, la peur que j’ai ressenti en montant dans l’avion pour la première fois, de la tristesse en pensant à mon père et à son simple signe de la main pour nous dire au revoir. C’est la dernière fois que je l’ai vue, je n’ai même pas pu l’embrasser avant de partir. Une fois arrivé à Chicago ma mère était enfin mise au courant de l’histoire tournant autour de tous ce mystère. Durant son travail, mon père a été témoin d’une scène qu’il n’aurait jamais dû voir, étant très attachés à ses valeurs il en a parlé à la police. Malheureusement il y a eu des répercutions et toute notre famille était menacé. Je me souviens que les yeux de ma mère se sont remplis de larmes et pour la première fois de ma vie je l’ai vue pleurer pour de bon. J’ai toujours imaginé ma mère comme une femme froide, incapable de montrer ses sentiments à qui que ce soit. Ma mère n’était certes pas une russe pure souche mais elle avait un caractère bien trempé et ne craquait jamais sous la pression. C’était pourtant différent à ce moment là. Nous avions abandonnés tous ce que nous possédions en Russie. Nous allions avoir une nouvelle maison. Ma mère allait devoir réapprendre à vivre dans son pays qu’elle connaissait sur le bout des doigts autrefois. L’adaptation était très difficile pour ma mère comme pour moi mais nous avions encore l’espoir de voir mon père frapper à la porte. Trois mois après notre arrivés, les hommes qui nous avaient amenés jusqu’ici sont venus frapper à notre porte. J’étais jeune mais je savais déjà l’avance ce que cela voulait dire.
« … Il est mort… Je suis désolé… » Je n’ai entendu que ses mots là, les explications je m’en foutais, mon père était décédé. Je n’ai pas eu le temps de pleurer ma mère s’est écroulé à ma place. Il fallait que je la soutienne de toutes mes forces.
Chapitre 2 : Chicago ~ 1989 - 2002 « Tu es sûr de toi Nik, tu es sûr que tu veux faire ça ? C’est dangereux. » Mon visage était fermé, je n’écouterais personne, j’avais pris ma décision et je ne souhaite pas revenir en arrière. Ni ma petite amie Keira, ni mon meilleur ami Clyde et encore moins ma mère ne me feront changer d’avis. Keira et Clyde sont mes meilleurs amis, ils me connaissent depuis que je suis arrivé à Chicago et même si parfois mon pays natal me manque j’ai trouvé ici le réconfort que je cherchais depuis la mort de mon père. Ils sont arrivés au moment où j’en avais le plus besoin, ils m’ont aidé à apprendre l’anglais, ils m’ont appris tous ce que je devais savoir sur le pays et les coutumes et en retour je leur aie confié ma vie ainsi que mes plus sombres secrets. Lorsqu’ils m’ont connus j’étais totalement brisé mais petit à petit ils ont su recollés tous les morceaux et depuis nous sommes devenus inséparables. Avec les années je suis tombé amoureux de Keira, elle est devenue plus que ma meilleure amie, elle est devenue ma petite amie, mon amante, mon âme sœur. Je la connais depuis que je suis enfant et c’est avec elle que je suis devenu un homme, c’est la femme que j’aime depuis que j’ai sept ans et ça n’a pas changé même si aujourd’hui je suis âgé de vingt ans.
« J’ai pris ma décision Clyde je ne reviendrais pas dessus. » Keira prend la parole, furieuse contre moi.
« Et ta mère alors ? Tu y as pensé ? Tu as pensé à la souffrance qu’elle va ressentir en te perdant ?? Et moi… Tu as pensé à moi avant de prendre ta décision ? » Je me suis approché d'elle, glissant mes mains sur ses joues en douceur, je savais que ça serait difficile pour nous deux mais on choisit un jour ou l’autre son destin.
« Ma mère je l’aime de tout mon cœur mais elle est brisée depuis bien longtemps maintenant. Elle ne m’adresse pas la parole, elle reste assommée sur son lit à boire et à prendre des médicaments, je ne veux pas finir ma vie ainsi, je ne peux plus la voir dans cet état encore plus longtemps. Quant à toi, je t’aime ça ne change rien, je ne pars pas pour toujours je reviendrais et tu le sais. » « Je suis désolée de ne pas te soutenir dans cette idiotie. C’est finit entre nous Nikolaï. » Après ça elle est partie, elle a rompu avec moi et la raison était simple je m’étais engagé dans l’armée. Ou plutôt j’avais été recruté dans l’armée mais c’est une longue histoire que je préfère passer sous silence. Je n’imaginais pas vraiment une carrière militaire mais pourquoi pas finalement, mon père était dans l’armée, mon grand-père aussi etc… alors je suivrais leurs traces. Puis comme je l’ai dit à Keira il fallait vraiment que je m’en aille de Chicago. Ma mère devenait de plus en plus une loque et je ne supportais pas de la voir se détruire de cette manière. Mon père est décédé et il me manque terriblement mais cela remonte à quatorze ans, il faut remonter la pente. Il ne voudrait pas nous voir détruit c’est pour cela que j’ai fait tous ce que je pouvais pour ne pas le décevoir et pour être digne de lui et de sa mémoire. J’espérais être capable de continuer correctement à vivre même sans Clyde et Keira à mes côtés.
« T’en fais pas frérot je m’occuperais de ta belle et je te promets qu’elle finira par se calmer. » « Je te remercie Clyde, heureusement que tu es là pour moi. Prends soin de toi surtout, je te promets de t’écrire. » « Fait attention à toi et revient en un seul morceau hein. » Je l’ai pris dans mes bras et je suis parti. Du jour au lendemain je quittais Chicago.
Chapitre 3 : Afghanistan ~ 2003 - 2010 « Nikolaï tu as une lettre pour toi ! » Je reste figé face à mon sergent sans savoir quoi répondre qui peut bien m’envoyer une lettre en plein milieu de l’Afghanistan. Fébrilement j’attrape la lettre, je reconnais immédiatement l’écriture sur l’enveloppe. C’est celle de mon ancienne petite amie Keira. Si celle-ci m’écrit c’est pour quelque chose de grave. Aujourd’hui je ne souviens plus vraiment ce qu’il y avait d’inscrit sur la lettre, je ne me souviens plus de la formulation mais le résultat était inscrit dans ma tête. Clyde était mort. Celui-ci avait eu un accident de voiture et après deux mois de coma il était décédé. Keira ne m’avait pas prévenu avant cela pour ne pas que je me fasse de souci mais là, elle n’avait pas d’autre choix que de me prévenir. L’enterrement était dans moins de trois jours et je devais partir rapidement afin de la soutenir dans ce moment si pénible. Mais avant toute chose il fallait que je dise au revoir aux personnes qui me tenaient à cœur dans cet endroit de brute. En commençant par ma
« petite amie » Tatiana. Nous nous étions connus il y a quelques années en Afghanistan, elle était déjà soldat, un soldat gradé en plus, entre nous rien n’a été facile au début, au contraire, on se détestait, dès qu’elle m’a vue elle m’a pris pour un gamin idiot qui ne savait pas dans quel guêpier il tombait. Tout comme moi cette jolie russe était partie de son pays alors qu’elle était encore toute jeune et elle a suivi son père qui était aussi un soldat. C’était une évidence pour elle de s’engager dans l’armée. Au fur et à mesure elle s’est rendue compte que je n’étais pas un gamin inconscient et que j’étais là pour défendre le pays qui m’a hébergé durant toutes ses années, tout comme elle. Au fil du temps nous nous sommes racontés nos vies, nous nous sommes rapprochés et on est tombés amoureux. Du moins c’est ce que l’on imaginés. On n’était pas idiots, ont savaient tous les deux que si nous n’étions pas dans cet endroit, en face d’autant de morts et d’atrocités nous ne nous serions jamais jetés dans les bras l’un de l’autre. Tatiana était une femme magnifique mais j’avais toujours Keira en tête et j’imagine que la demoiselle n’imaginait pas trouver son prince charmant au beau milieu d’un pays ennemi. Bref, tout ça pour dire que j’ai rejoint la demoiselle, encore bien secoué par la nouvelle du décès de mon meilleur ami.
« Tatiana je… je dois m’en aller. Mon meilleur ami est mort. » Le dire à haute voix a surement était bien plus difficile que ce que j’avais imaginé.
« Tu retournes vers elle c’est ça. » Je relève les yeux vers elle sans rien dire. Elle connaissait mon histoire. Elle savait que Keira était importante pour moi et que je l’avais aimé bien plus que quiconque auparavant. Elle a été mon premier amour et je me devais d’être près d’elle ce jour là.
« Je suis désolé. Je dois la soutenir, il était son fiancé quand même. » Ah oui j’ai oublié d’évoquer cela. Après que je sois parti de Chicago, Clyde a veillé sur mon ex petite amie, il a d’ailleurs tellement bien veillé sur elle qu’ils sont tombés amoureux l’un de l’autre. C’est en allant rendre visite à ma mère que j’ai découvert le pot aux roses, il l’avait demandé en mariage et normalement ils devaient se marier dans quelques mois. Je dois dire que ça a été un choc d’apprendre qu’ils étaient ensemble et après ça nous nous étions vraiment éloignés, je n’avais pas reparlé à Clyde et je le regrettais aujourd’hui.
« Je sais oui… Bon courage alors. » Je déposais mes lèvres sur les siennes tout en la serrant le plus possible contre moi. Tatiana allait me manquer. Une fois mon baiser rompu je lui chuchote à l’oreille une dernière chose.
« Fait attention à toi, j’espère te revoir rapidement. » « Tu devrais rester avec elle, elle va avoir besoin de toi et tu auras besoin d’elle, on savait qu’un jour ou l’autre ça arriverait, qu’elle te téléphonerait et que tu irais vers elle sans attendre, tu l’aimes alors c’est normal. Bon courage Nikolaï et surtout ne change pas, reste comme tu es. » « Je te le promets. » Et après ça j’ai disparu. J’ai été rapatrié aux Etats Unis auprès de Keira et de ma mère.
Chapitre 4 : Bluebell ~ 2010 - 2012 « Keira, est ce que tu vas bien ? » Ses yeux étaient fixées sur cette fenêtre clause, elle ne bougeait plus depuis des mois maintenant. Je la regardais tous les jours, voyant les mois et les saisons passés sans pouvoir la bouger. Elle avait sans aucun doute le cœur brisé en millier de morceau. J’admirais son ventre s’arrondir au fil du temps. Elle était enceinte d’une petite fille, enceinte de Clyde qui n’était plus là pour élever leur bébé. Après l’annonce de sa mort elle n’a plus été en état de continuer à vivre à Chicago. Sa dépression était tellement importante que j’ai décidé de partir avec elle dans une autre ville pour tout recommencer. La grossesse ne s’est malheureusement pas déroulée dans les meilleures conditions, à son cinquième mois elle était immobilisé et n’avait plus le droit de se lever sous peine de perdre son bébé. Je lui apportais donc à diner, j’essayais de lui changer les idées mais je ne savais pas vraiment quoi faire pour la soutenir. J’ai vu ma mère dans cet état durant des années et je n’ai jamais réussi à la faire sortir de sa torpeur j’avais la même appréhension la concernant. Si elle se laissait couler de cette manière sa fille allait naître avec un handicap de plus. Elle sera sans père et sans mère en plus.
« Keira, tu m’entends ? » Elle a tourné la tête vers moi, ses yeux se sont rempli de larmes et je crois qu’elle a eu un déclic parce qu’elle a ouvert la bouche pour la première fois depuis qu’elle a appris qu’elle était enceinte.
« Ma fille va vivre sans père… » La bouche entre ouverte je ne savais pas vraiment quoi lui répondre. Elle venait de s’en rendre compte maintenant ?
« Si il m’arrive quelque chose Nikolaï, ma fille sera seule au monde. » Je crois que c’est là que j’ai compris que je devais faire ça pour elle, peu de temps après je la demandais en mariage, ce n’était pas une question d’amour, juste une question de papier. Une précaution, si jamais il arrivait quelque chose à Keira la petite sera sous ma responsabilité et n’ira pas dans un orphelinat, ou je ne sais ou. Je crois que ça l’a rassurée de savoir ça et elle a recommencée, tout doucement, à parler. Peu de temps avant son accouchement nous nous sommes mariés et la petite est née en portant mon nom de famille. Nous étions peut être mariés mais entre nous il n’y avait rien de sérieux, nous n’étions pas un couple, j’étais donc totalement libre d’aller voir des femmes si j’en avais envie. En contrepartie j’étais un véritable père pour sa fille qui a aujourd’hui deux ans, je la soutiens tous les jours et je m’occupe d’elles comme si nous étions une véritable famille. Nous sommes redevenus amis comme autrefois, ou peut-être un peu plus. Il y a quelques jours il est arrivé quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas. Keira m’a vue avec une jeune femme en sortant d’un hôtel – je ne ramène jamais mes aventures chez moi ne serait-ce que pour la petite puce – et quand je suis rentrée à la maison elle m’a posée la question ultime.
« Tu es amoureux de cette blonde ? » J’étais un peu choqué par sa question je ne m’y attendais pas du tout.
« Pourquoi tu me demandes ça ? » « Ça fait plusieurs fois que je te vois avec elle alors je voulais savoir si tu l’aimais. » « Je suis pas amoureux d’elle Keira, pourquoi tu sembles si en colère, c’est toi qui m’a dit que tu voulais que je continues à voir d’autres femmes, non ? » Elle se met à sourire, c’était ironique j’imagine, avant de s’approcher de moi.
« Tu comprends vraiment rien Nikolaï, tu as jamais rien compris. » Et elle est partie dans sa chambre sans oublier de claquer la porte derrière elle. La vérité c’est qu’il y a quelques semaines déjà alors que nous passions une soirée rien que tous les deux et que nous avions un peu abusé sur le vin elle m’a embrassée et elle s’est ensuite enfuit, je suis un peu perdu et je ne sais pas vraiment ce qu’elle veut. Est-ce qu’elle m’aime encore ? Est-ce qu’elle est juste jalouse de me voir avec d’autres alors que nous sommes mariés ? Est-ce qu’elle a juste peur que je parte en les laissant la petite et elle ? Je ne sais pas trop. Mais il va falloir éclaircir tout ça.