Byron♣October

« She dreamed of Paradise everytime she closed her eyes»

Une pause, un café. La nécessité du matin avant de se rendre à l’hôpital, les jours où ça n’allait vraiment pas un jogging s’imposait ! Byron s’était levé assez tôt pour pouvoir prendre une douche et filer au Butter Strick afin de déguster un bon café et une viennoiserie impunément. Quelques personnes bien matinales l’avaient salué dans la rue, il s’était contenté d’un sourire rapide et d’un signe de la main. Le problème avec Bluebell c’est que tout le monde connait un peu tout le monde ce qui rend les conversations compliquées … Byron ne tenait en rien à ce qu’un individu vienne le séparer de sa pause gourmande avant d’aller au boulot. Le chirurgien entra dans le commerce, salua la serveuse qu’il commençait à connaître de mieux en mieux à force de squatter les lieux un matin sur deux.

Comme d’habitude, il se dirigea vers la table dans le fond à droite. C’était un peu comme sa table habituelle, il aimait bien s’asseoir là et les jours où par malchance quelqu’un s’y était posé avant son arrivée, il boudait légèrement en allant se poser ailleurs. Byron venait à peine de poser les fesses sur la chaise froide qu’il entamait déjà la reconnaissance mentale de son patient. Tout un dossier celui-là ! Pauvre homme … greffe d’un rein et désormais greffe d’un poumon. Son corps le lâchait peu à peu et c’était bien triste à voir ! Le docteur Andersson se remémora étape par étape le processus d’opération, comme il le faisait à chaque fois qu’il s’apprêtait à plonger dans un patient les mains jointes. Mais son attention fut attirée par le son guilleret que produisait la clochette au-dessus de la porte à l’entrée d’un client.

- Salut October !

La jeune fille venait de s’avancer et Byron lui adressa un signe de la main, l’accueillant d’un large sourire. Au départ, il aurait préféré la solitude mais pour elle, il ferait une exception avec grand plaisir ! De toute façon, en toute franchise, il la connaissait sur le bout des doigts cette opération. Ce n’était pas comme s’il ne l’avait pas déjà pratiquée des dizaines de fois ! Byron désigna du menton le siège en face de lui, October était à Harvard autrement dit la même université que lui-même avait fréquentée durant ses années de fac. C’était une fierté immense pour lui de pouvoir proclamer qu’une autre personne de ce petit coin paumé qu’était Bluebell, allait dans une université de l’Ivy League. Ce n’était pas la prétention … enfin si, clairement ça en était un peu.

- Alors comment tu vas ?

October était sa petite protégée, il l’appréciait beaucoup d’autant plus qu’elle fournissait un travail exemplaire. Mais Byron était à mille lieux de s’imaginer la nouvelle fracassante qu’elle allait lui annoncer … lui qui était si fier et heureux d’avoir une autre étudiante de Harvard en ville, allait tomber de haut. Mais pour l’heure, il commanda son café et son éclair au chocolat.

Vas-y October, tu peux le faire ! Je fis demi-tour pour me retrouver devant la salle à manger ou mon père prenait son déjeuner, seul. Je n’avais jamais été seule avec mon père depuis que je lui avais annoncée que j’arrêtais Harvard, et que je me rapprochais de la maison, parce qu’ils me manquaient et que j’avais marre de faire des allers-retours. « Non, tu ne peux pas ! » Ne cessais de me répéter une petite voix dans ma tête. Ma conscience avait raison, je ne pouvais pas voir le regard de mon père sur moi. Celui qui lui faisait penser que j’étais qu’une moins que rien, une lâche. Je sais que le jour où j’ai fait cette annonce à ma famille, si j’avais été seule avec mon père, j’en aurais pris encore plus plein la gueule, et pas que dans le parler. Je voyais encore son regard à ce moment-là, devenir furibond à un point, j’ai cru qu’il venait d’être possédé de La Source, dans Charmed, c’est dire. Je pris mon sac de cours et partie simplement en claquant la porte. Je prendrais un petit déjeuner au café, je ne préférais pas tenter le diable ce matin et seule. Il aurait été capable de me faire craquer. Je me dépêchai de prendre le bus qui arrivais alors que je vis la porte de la maison s’ouvrir sur mon père qui la referma aussitôt. Une fois arrivée à l’arrêt demandé, je descendis et je m’apprêtais à commander un chocolat avec un croissant, lorsqu’une voix me fit sortir de mes pensées. « Salut October ! » En me retournant, je vis Byron qui m’adressa un signe de la main et un large sourire. Je me senti coupable d’un seul coup. Byron était entre guillemet mon parrain à l’Ivy League, et je ne lui avais encore pas dis que je quittais la fac pour me rapprocher de ma famille. Je m’approchais de la table « Salut Byron ! » Ce dernier m’indiqua du menton le siège qui se trouvait en face de lui, mais j’hésitais à m’installer, je savais que les nouvelles n’avaient encore pas circulé dans la ville, mon père ne s’était pas empressé à la divulguer d’ailleurs. C’était comme ça dans la famille, enfin, mon père était comme ça. Je pris la décision de m’installer sur la chaise, et par la même occasion lui dire ce que j’avais fait. Après tout, autant que ce soit moi qui lui annonce plutôt que des rumeurs. Je savais qu’il adorait se vanter de dire que j’étais à l’Ivy League, en même temps, c’est un honneur de faire partie de cette minime société d’étudiant qui reçoit le billet d’entrée dans la meilleur fac du monde. « Alors comment tu vas ?! » Avant de répondre, je pris commande d’un chocolat et d’un croissant –oui, seul café de la ville qui propose des croissants- « Bien écoute ça va et toi ?! » La rentrée avais eu lieu il y a quelques jours dans les facultés de par le monde, je devais trouvé un moyen de lui dire, avant qu’il ne me demande comment ça se fait que je ne sois pas déjà dans l’avion. « Il faut je te dise quelque chose Byron ! » Ouais, c’est un bon départ, reste plus qu’as réfléchir vite et que les mots me vienne facilement pour annoncer la suite. « Tu dois surement te demander pourquoi je ne suis pas déjà reparti … C’est que en fait … » Je ne savais vraiment pas comment lui dire, je revoyais la déception dans les yeux de mon père, je ne voulais pas la voir dans ses yeux. ..