« Cher journal,
Je déteste quand B. touche à mes affaires! Il touche toujours à mes choses. Quand se n'est pas les crayons à colorier, c'est toi, mon journal. Je l'ai attrapé sur le fait. Il t'avais ouvert à la première page et il a faillit te lire. T'imagines un peu la honte ? Tu partage mes secrets les plus intimes. Toi, tu sais que j'en pince pour S.. Non pas que se soit un secret national, mais j'aime bien le garder pour moi. Je t'écris aussi ma colère envers et tous les mauvais coup que je lui ai fait au travers les années.
Bien à toi, Ellie. »



« Cher journal,
Maman m'a chicaner ce matin ! Tout ça pour des choses que j'avais fait il y a des années de ça. Je me fais mission de te protéger de mon ogre de frère. Je veux t'amener au pays des fées, là où Byron ne pourra plus jamais, te retrouver. Je t'aime mon journal. Car, il n'y a qu'avec toi que je peux être honnête. Et puis, Noël arrive bientôt, le père Noël ne donnera pas de présent aux enfants méchants. C'est ce que papa m'a dit tantôt. Papa était le seul à prendre ma défense.
Bien à toi, Ellie. »


J'avais quinze ans quand j'ai dû dire au revoir à ma soeur chérie. Je n'avais pas envie de lui dire au revoir, mais je comprenais. Je la comprenais de vouloir partir de Bluebell. Je savais qu'elle s'en allait pour le mieux et que si s'en allait pour son propre bien. Je la comprenais mieux que personne de vouloir s'occuper d'elle avant tout. C'est pour cela que je n'ai pas fait de scène quand elle a quitté la ville. Bien sûre, j'ai pleuré, car ma soeur c'était mon socle et ma bouée de sauvetage. Elle allait me manquer. Je détestais les au revoir, mais je ne pouvais pas la laisser partir sans lui dire. Je la pris dans mes bras une dernière fois. « Millie, tu vas me manquer, promet moi que tu vas revenir pour passer les fêtes en famille. Je ne pourrai pas supporter Byron toute seule. » « Promis Elllie. » Mes larmes allaient couler d'une minute à l'autre. J'ai donc détendu l'atmosphère « Millie, dans quelques années, je viendrai te rendre visite et on ira voir les Drag Queen à New York comme on a vu à la télévision l'autre soir ensemble. Je meurs d'envie d'en rencontrer une et j'amènerai By' avec nous pour lui montrer que ça peut être marrant. Bien sûre, ce sera le pire voyage de ma vie, mais au moins je te verrai et j'amènerais un peu de Bluebell dans la grosse pomme. Ok, je suis désolée, ça n'a pas de sens tout ce que je dis... J'essayais juste de détendre un peu l'atmosphère... Tu vas me manquer soeurette »


Je connais Cayden depuis toujours. Plus jeune, j'adorais aller avec son père et lui à la pèche. J'arrivais toujours à me faire du plaisir avec eux. Nous étions inséparables. Jusqu'aux jours de nos quinze ans quand il est devenu l'espèce de prince charmant que nous retrouvons dans tous les comptes de fée. Alors qu'avant, nous deux c'était plutôt Batman et robin. J'avais perdu mon meilleur ami ce jour-là. Je l'aimais bien Cayden loin de moi l'idée de vous en dissuader, mais je suis une cause perdue je vous l'assure. L'amour ce n'est pas mon truc vous comprenez ? Je le laisse à mes soeurs. Quand les membres du groupe ont commencé à chercher des auditions pour un batteur, je ne pouvais pas croire que Cayden lui-même se présenterait à l'audition. « Les gars je vous ai dit que c'était une mauvaise idée de le prendre dans le groupe » « Ellie soit raisonnable, c'est le meilleur qu'on est vu, jusqu'à maintenant ! » « Ouais, Owie a raison. On ne va quand même pas prendre le batteur de peau d'ours juste pour te faire plaisir, chérie. » Après avoir écouté les 1001 raisons pour lesquels ne devions le choisir, j'ai finalement résisté. Je me suis retrouvée seule devant lui. Il fallait que je lui annonce qu'il était pris. Il m'a souri et m'a dit « On se voit ce soir alors. »

Quelques heures plus tard, nous donnions notre concert au Rummer Jamer. Je vous jure que la suite je ne l'avais pas vu venir. Je tomba folle de lui. Il était beaucoup plus déluré que dans mes souvenirs. Alors que nous étions sur le point de nous enlever nos vêtements respectifs, nous, nous sommes regardés dans les yeux une dernière fois avant de faire la chose la plus conne de nos vies. Ce sauver à Las Vegas et se marier. Pourtant, à ce moment précis, nous étions sûrs de faire la meilleure chose au monde et pourtant... Le lendemain ? Le sur-lendemain ? La semaine suivante ? Le mois suivant ? Aucun de nous deux n'était assez con pour vouloir mettre fin au mariage. Nous savions tous les deux que c'était une erreur monumentale, et pourtant... Et pourtant, le faux mariage à durer des mois, trois mois à vrai dire. J'ai passé trois mois de ma vie dans la monogamie totale, à faire le souper, à lui préparer ses repas pour le boulot, à vivre une vie que je n'étais pas prête à vivre simplement.


Il neigeait dehors pour la première fois depuis des lustres. C'était une belle soirée de décembre. Ma mère venait encore de me tomber dessus parce que j'avais laissé mes bottes dans l'entrée sans les mettre dans le placard. J'étais retournée vivre chez mes parents après ma rupture avec Cayden. Mauvaise idée, je l'ai appris à mes dépend. Cinq ans à vivre dans un château, c'est comme ça que j'appelais mon ancien loft spacieux que je partageais avec mon copain de l'époque. Maintenant, les corvées et les engueulades sont revenues comme si j'étais de nouveau adolescente.

Elle entra en trombe dans ma chambre et commença ses reproches. « Maman, j'ai plus seize ans quand vas-tu enfin enfin l'accepter. Tu ne peux plus entrer dans ma chambre sans cogner juste parce que mes chaussures traînent par terre ! » « Ma chérie, tu vis sous mon toit maintenant. Je fais le ménage, le lavage, la vaisselle, le repassage... Tu devrais me parler sur un autre ton ! Toi, t'en fait qu'à ta tête. Tu bois de l'alcool, tu sors tous les soirs avec ton groupe. Tu n'as pas de boulot... » Je l'interromps sur-le-champ. « Maman, j'en ai un boulot et puis ce que je fais le soir, ça ne te regarde aucunement ! » Elle poussa un long soupir. « Pourquoi tu n'es pas comme ton frère, un brillant chirurgien qui a réussi sa vie ? Toi, tu perds ton temps. » J'en avais assez, je me suis barré. J'ai enfilé mes bottes, pris mes clés. J'ai conduis jusqu'à Mobile. J'ai été dans un bar où j'avais l'habitude d'aller quand je me disputais avec ma famille. Je suis allée au bar et me suis commandé cinq shooters de tequila. Quand le téléphone sonna, j'étais complètement bourré. Mon père était en larmes, j'arrivais à peine à comprendre un mot de ce qu'il disait. J'ai finalement compris, après une dizaine de répétition de la part de mon paternel, que ma mère venait de décéder. Dès que j'ai raccroché, j'ai été prise par un immense sentiment de colère et de tristesse.

Quelques jours plus tard, j'étais vêtu de noir pendant que ma mère était dans son cercueil. Je lui en voulais autant que je lui pardonnais. Je ne me sentais pas assez grande, pas assez forte pour la laisser partir. C'était le monde à l'envers. Il y a quelques jours j'aurais tout fait pour qu'elle me prenne pour une adulte et maintenant j'étais redevenue enfant. Les derniers jours ont été les jours les plus difficiles. Je m'en voulais énormément. Les derniers mots que je lui avais adressés c'était des bêtises. Byron ne comprenait pas comme d'habitude. Il croyait que je n'avais pas le droit d'être aussi triste vu les disputes que j'avais avec elle. Pendant ce temps, quand je me regardais dans le miroir j'avais honte. C'est dans cette présence d'esprit que Byron m'engueula se soir-là. « De toute façon, c’est plus la peine de pleurer maintenant … tu lui as fait la misère toute sa vie, je vois pas pourquoi tu viens faire l’hypocrite et chialer comme un gosse sur sa tombe ? Tu sais quoi ? Rentre chez toi, dégage … tu me saoules, retourne faire mumuse avec tes amis les médocs … » J'étais bouche-bée pendant quelques longues secondes avant de répliquer. « Et puis toi ? Tu te prends pour Saint-Byron ou quoi ? Tu passes tes journées à l'hospice à t'occuper d'inconnus... tu habites à quelques minutes de la maison et t'étais même pas capable de venir lui rendre visite. Peut-être que si tu était venu ici au lieu de passer la journée la-bas t'aurais pu l'empêcher de mourir... T'es qu'un petit con à la fin. » Je savais bien que j'allais bien loin dans mes propos, mais avais-je le choix. Il n'a pas le droit de critiquer alors que lui aussi, il y avait des tords. Ça fonctionne à deux ce jeu-là mon cher frère. Tu veux me faire souffrir, je vais te faire souffrir. C'est alors qu'avant même que Byron s'ouvre le bec, Amélie est entré dans la cuisine nous sommant de nous comporter en adulte. Nous sommes partis chacun de nos côtés et ça nous a pris quelques mois avant de nous reparler.