le 7 septembre 2006. Bluebell, Alabama.
Paumé. Je le suis complètement. J'ai, depuis une semaine, perdu le seul repère qu'il me restait dans ce monde. Ça devient insupportable de perdre les gens qui me sont chers l'un après l'autre. Maman est partie. Le cancer a détruit sa vie et la mienne par la même occasion. Rien que le fait de le dire ressemblait à une mauvaise blague, un mauvais rêve. Mon téléphone portable sonne sans cesse et c'est toujours la même question qui revient; comment te sens-tu ? Que dois-je répondre ? Je n'en sais même rien. Je suis en colère, je suis triste, je suis apaisé .. Je passe par tellement d'humeur différentes en une journée. J'ai plusieurs fois pensé que sa mort était comme un abandon mais après, je secoue la tête et pense au fait que maman ne m'aurait jamais abandonné intentionnellement. Mes grands-parents sont revenus de Nashville avec les quelques amis qu'elle s'était faite là bas. Et le jour de son enterrement, j'ai bien cru que l'entièreté de Bluebell s'était déplacé. Je savais que ma mère était une personne appréciée mais je ne pensais pas que c'était à ce point là. Je n'ai jamais été aussi heureux pour elle; autant de personne qui l'aime rassemblé dans la même pièce. Ce n'était peut-être pas le meilleur événement pour se rassembler mais au moins, tout le monde était là. Je pouvais rentrer chez moi paix dans l'âme. Ça faisait du bien.
Billie est venue une semaine après l'enterrement. Elle s'est longuement excusée de ne pas être venue plus tôt mais ses études l'y obligeait. J'étais dans un état pitoyable lorsqu'elle sonna à la porte de chez moi. Je déprimais seul à la maison et n'avait pas vu la lumière du jour depuis un moment. Elle me fit un gros câlin en rentrant et s'est occupé de moi le reste de la journée. « C'est une très belle maison mais ... Pourquoi est-ce que tu ne déménage pas ? Ça te ferais peut-être du bien. » Mon regard plongea dans le sien dès le moment où elle m'a posé cette question. Bien sûr que j'y ai pensé. Mais je ne voulais pas me débarrassé du souvenir de ma mère et j'ai du mal à me dire que quelqu'un d'autre habite ici. Je lui fit non de la tête et parti ailleurs. Elle n'insista pas. Heureusement qu'elle était quand même là pour m'aider.
Deux semaines. Il m'a fallu deux semaines avant de remettre les pieds dehors. Je commençais à me faire à l'idée que j'étais seul. J'ai fait un long jogging matinal avant de me retrouver dans le parc dans les environs de midi. Je me suis couché dans l'herbe et ai observé les quelques nuages passant au dessus de ma tête. Le soleil brillait à forte intensité au point que j'ai regretté de ne pas avoir pris un paire de lunette. Me détendre était la chose qui comptait le plus là, de suite. Mais l'intensité du soleil et les bruits s'élevant d'un peu partout de Bluebell, je décide que je serais peut-être mieux sur le chemin du retour. C'est là que j'eus la surprise de la semaine. Une jolie brune se dressait non loin de moi. Prenant mon courage à deux mains, je décide m'approcher. 5 ans que je n'avais plus parlé à Tessa. « Tu veux quoi ? » dit-elle sur le ton le plus agressif possible. J'avoue que je m'attendais plutôt à des comment va-tu ? ou encore à tu as énormément changé! . Son ton me laissait indifférent, je connaissais ce masque par cœur. « Absolument rien, crois-moi. » Elle roula des yeux puis s'installa sur le banc le plus proche. Je l'observais, silencieusement. Mis-à-part qu'elle avait grandi, je ne voyais aucun changement. Elle semblait être la même qu'il y a 5 ans. D'un coup, je vis son regard s'assombrir; elle se mordit la lèvre, signe d'un malaise. Elle savait. « Je suis désolée pour ta mère, vraiment. Je sais à quel point tu tenais à elle. » Tessa était sincère mais j'avais pourtant du mal à y croire. Ces paroles, j'aurais voulu les entendre deux semaines auparavant, quand j'avais besoin de ma meilleure amie à mes côtés. « Je ne t'ai pas vu aux funérailles. » Je pensais qu'elle aimait assez ma mère pour venir, quitte à laisser notre dispute loin derrière elle. « Je ne savais pas comment tu le prendrais si je venais. On ne s'adresse plus la parole depuis cinq ans Mederick. » J'avoue ne pas savoir comment j'aurais réagis si je l'avais vu ne serait-ce qu'au dessus de sa tombe. « J'avais besoin de toi Tessa, vraiment besoin de toi. » dis-je en baissant la tête. Puis je senti une pression sur chacune de mes joues et je leva mon regard en direction du sien. « J'aurais été présente Mederick si j'avais été au courant. » Un point pour elle. Je ne pu m'empêcher de m'approcher plus longtemps et l'ai enlacé comme jamais. 5 ans, nous avons mis 5 ans pour parler à nouveau. Et qu'est-ce que ça faisait du bien!