Cathleen S. Campbell home sweet home. welcome to bluebell!▲ CÉLÉBRITÉ : alexis bledel ▲ MESSAGES : 10 ▲ CRÉDIT : liloo_59
| Sujet: Cathleen - Close your eyes and let me show you how much I love you Dim 27 Jan - 17:27 | |
| Cathleen Siofra Campbell
Ma vie, sans toi, n'aurait plus aucun sens... NOM ◆ Campbell PRÉNOMS ◆ Cathleen Siofra ÂGE ◆ 29 ans DATE ET LIEU DE NAISSANCE ◆ 13/09/1983 à Huntsville NATIONALITÉ ◆ Américaine ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE ◆ Editrice SITUATION AMOUREUSE ◆ Mariée à Declan Campbell, représentante légale de Colleen Campbell et maman d'un petit August, 6 mois ORIENTATION SEXUELLE ◆ Hétéro GROUPE ◆ wilde heart
| aime la vie, l'honnêteté et la loyauté. ◆ déteste l'hypocrisie, le mensonge, la méchanceté gratuite et l'injustice. ◆ Romantique dans l'âme, j'ai toujours cru au grand amour, et j'y crois encore plus depuis que j'ai rencontré l'homme de ma vie : Declan. ◆ Je suis perfectionniste, et j'aime toujours tout savoir. ◆ Je suis passionnée par les livres, d'où la profession que j'exerce. ◆ Généreuse, franche, tête de mule, caractère bien trempé, impulsive, renfermée, solitaire, secrète, mystérieuse |
now you're just somebody that i used to know.Mars 2011, Ancien appartement de Cathleen & DeclanImmobile devant la porte d'entrée, j'attendais, hésitante. Avait-ce été une bonne idée, de revenir ici ? Cela ne me ferait-il pas plus de mal que de voir combien l'incendie avait ravagé notre appartement ? Prenant mon courage à deux mains, j'inspirai profondément, avant de pousser la porte et de pénétrer dans l'appartement que Declan et moi avions partagé pendant quatre ans. Quatre ans d'amour, de joies, mais de peines également. Quatre années qui s'étaient littéralement envolées en fumée et ce, en l'espace d'une seule soirée seulement. Mon regard se posa sur le salon, entièrement brûlé. Les murs étaient recouverts d'une épaisse couche noire, et les meubles se trouvaient en piteux état. Debout au milieu des décombres, je tentai de me souvenir de ce qui avait autrefois été là. Le canapé, maintenant entièrement carbonisé, la plante qui nous avait été offerte par ma mère, à notre installation, la télévision high-tech que Declan avait absolument voulu qu'on ait, las de devoir jongler avec cette vieille télé que nous avions récupérée des années plus tôt... De tout cela, il ne restait plus rien. Rien que des souvenirs. Le coeur lourd, je me dirigeai alors vers les seules pièces de l'appartement qui avaient été à peu près épargnées par les flammes : les chambres. La nôtre, à vrai dire, n'avait rien, ou presque rien, en dehors du mur côté salon qui avait naturellement brûlé. Celle du bébé en revanche, était quasi intacte. Pénétrant dans la pièce avec difficulté, je m'arrêtai dans un premier temps à l'entrée. La pièce sentait le brulé et pourtant, tout était resté intact. Mon regard se posa sur le berceau que nous avions acheté deux semaines plus tôt. Un berceau que nous avions voulu acheter le plus tard possible, pour ne pas nous « porter malheur ». A 8 mois de grossesse, nous avions pensé être tranquilles, que notre bébé verrait le jour. Nous avions été loin d'imaginer le drame qui bouleverserait nos vies. Je me surpris à sentir quelques larmes sur mes joues, des larmes que je chassai d'un revers de la main mais qui revinrent bien vite à l'assaut. Osant m'approcher du fameux berceau, je restai un instant là, silencieuse, à m'imaginer ce qu'aurait pu être notre vie de jeunes parents, ce à quoi aurait pu ressembler notre bébé. Les larmes coulèrent de plus belle et, tandis que j'éclatais en sanglots, une voix s'éleva dans mon dos :
« Cath'... Tu devrais pas être là. » Declan. Que faisait-il ici ? Comment avait-il su que je serai là ? « Comment tu as su où me trouver ? », demandai-je alors que ses mains se posaient sur mes épaules et qu'il appuyait son menton sur ma tête, comme pour me rassurer, et me consoler. « Quand j'suis venu pour te chercher à l'hôpital, on m'a dit que tu étais déjà partie... J'ai su que tu viendrais ici. » « J'avais besoin de revenir », soufflai-je, non pas pour me justifier, mais pour lui faire comprendre ce qui avait motivé mon geste. « Je sais », murmura-t-il, avant de se pencher, et de déposer un doux baiser sur ma joue. D'un geste de la main, il retira les larmes encore présentes sur celle-ci, et me serra un peu plus contre lui.
Je pressai mon corps au sien, espérant l'espace d'un instant que cette étreinte me ferait oublier l'horreur de ces derniers jours. Je voulais oublier tout ce qui s'était passé, du moment où l'on m'avait sortie inconsciente de l'appartement en flammes au moment où je m'étais réveillée à l'hôpital et où Declan m'avait alors annoncé le décès de notre enfant. Je voulais oublier ce que les médecins m'avaient dit, avant de déclencher l'accouchement et de me faire mettre au monde ce petit être sans vie, que j'avais été incapable de protéger correctement. Je sentis la main de Declan se balader avec douceur sur mon épaule, en un geste rassurant, réconfortant. Nichant ma tête dans son cou, je fermai les yeux avec l'espoir qu'en les rouvrant, je réaliserais que tout cela n'était qu'un horrible cauchemar et que toute cette horreur ne s'était jamais produite. Il resserra à nouveau son étreinte, avant de murmurer :
« Ca va aller. »
Comment pouvait-il en être aussi sûr ? Non, rien n'irait plus jamais à présent. Parce qu'à cet instant, il me semblait impossible de venir un jour à bout de cette souffrance qui me traversait le coeur à chaque seconde. Je pensais qu'il comprenait, et pourtant, cette remarque me laissait penser que c'était tout le contraire. Il ne comprenait pas. Et ce qu'il ajouta ne renforça qu'encore plus cette pensée :
« J'ai appelé ta mère. » « Quoi ? » Je rouvris les yeux avant de me retourner dans sa direction. « Tu as fait quoi ? » « J'aurais pas dû ? », me demanda-t-il alors, l'air visiblement désolé. « Non. Non ! Pourquoi t'as fait ça ? » « Cathleen, j'pensais bien faire. Après ce qu'on vient de vivre, on a besoin de soutien. Je pensais que voir ta mère pourrait peut-être t'aider à- » « J'veux pas la voir. », le coupai-je, avant même qu'il n'ait eu le temps de terminer sa phrase. « Pourquoi ? » « Parce que... C'est assez difficile comme ça, sans qu'en plus les gens ne nous prennent en pitié. » « C'est ta mère, pas une de ces commères qui cherchera à savoir comment tout ça s'est passé. C'est normal qu'elle soit là pour t'épauler. » « Declan... je ne veux pas la voir. » Mon ton s'était fait plus sec. Je tenais à ce qu'il comprenne ce que je lui disais. J'étais sincère. Je n'avais pas envie de voir ma mère. Pas maintenant. J'avais besoin d'un peu de temps, du temps pour accepter ce qui s'était passé, du temps pour me retrouver, seule. « Je vais la rappeler... » finit-il par me répondre, après avoir poussé un soupir. « Lui dire que ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour venir. »
J'hochai simplement la tête en guise de réponse. Il m'adressa un léger sourire, et caressa ma joue avec douceur. Saisissant ma main, il m'entraina à l'extérieur de la pièce, et de notre appartement, refermant la porte sur nos souvenirs douloureux.Avril 2011, Garage de BluebellQuelques semaines s'étaient maintenant écoulées, depuis l'incendie, et depuis que j'avais quitté Bluebell précipitamment. Quelques semaines pendant lesquelles j'avais tenté de me retrouver, d'oublier le drame qui nous avait touchés, sans succès. Des semaines d'absence, de silence aussi... Des semaines après lesquelles j'avais décidé de revenir, bien consciente que la fuite ne résoudrait rien, qu'elle n'apaiserait en rien la douleur qui paralysait mon coeur, et qu'elle ne servirait à rien d'autre, si ce n'est nous faire souffrir un peu plus, Declan et moi. M'en voulait-il ? C'était probable. Je l'avais laissé seul, je l'avais abandonné, dans l'un des pires moments de sa vie. Obnubilée par ma douleur, j'avais été incapable de voir la sienne, incapable de répondre présente quand il avait eu besoin de moi. M'en voulais-je ? Oui. Terriblement. C'était pour cette raison aussi que j'étais revenue. Pour le retrouver. Pour m'excuser. Pour qu'on surmonte cette épreuve, ensemble.
Debout devant le garage dans lequel il travaillait, j'attendais. Son service allait bientôt se terminer, je le savais. Ca n'était qu'une question de minutes avant qu'il ne sorte... Je connaissais ses habitudes – professionnelles et autres – par coeur. Ce qui était normal, après plus de quatre ans de vie commune. Comme pour me donner raison, il sortit à l'instant. Les traits tirés, il avait l'air extrêmement fatigué, et complètement paumé, également. Cette vision me fendit le coeur. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais certainement parcouru la distance qui me séparait de lui pour le serrer contre moi et pour le réconforter. Parce que rien ne m'importait plus que son bonheur. Je restai cependant immobile, ne sachant comment agir. Le rejoindre, ou prendre la fuite ? Etais-je prête à l'affronter ? Non. Non, j'en étais incapable. Je pourrais le faire, je le savais. Mais pas maintenant. C'est pour cette raison que, sans un mot, je quittai les lieux, en tentant de me convaincre que, le lendemain, j'aurais le courage suffisant pour aller le voir.Fin Mai 2011, Appartement de Cathleen & Declan« Pourquoi... Pourquoi est-ce qu'elle n'est pas revenue ? »
Faisant les cent pas dans le salon, Delcan s'agitait tandis que, installée sur le canapé, une fillette entre les bras, je n'osais ni parler, ni même bouger, réfléchissant à tout ce qui s'était passé.
« Qu'est-ce qu'elle t’a dit, en partant ? » demanda-t-il une nouvelle fois, l'air visiblement inquiet. « Qu'elle devait partir... Qu'elle me la confiait. », répondis-je, en passant une main affectueuse dans les cheveux de Colleen. « Elle t'a dit pour combien de temps elle en avait ? » « Quelques heures. » « Ca fait combien de temps que tu l'as vue, déjà ? » « Depuis ce midi. »
Le regard du jeune homme se posa sur la pendule au mur. 21H32. Neuf heures. Elle était partie depuis neuf heures. Elle ne reviendrait pas. J'avais beau ne pas connaître Erwenn, avoir appris l'existence de cette dernière à peine quelques heures plus tôt, ce que Declan m'avait dit à son sujet me suffisait pour savoir qu'elle ne reviendrait pas chercher sa fille. Après tout, j'étais bien placée – pour avoir une sœur droguée – pour savoir qu'on ne pouvait pas faire confiance aux personnes comme elle. Des personnes égoïstes et inconscientes qui ne faisaient que du mal autour d'elles. Je redressai la tête pour adresser un regard massacrant à l'adresse de mon petit ami. Je lui en voulais terriblement pour avoir gardé le secret au sujet de sa sœur. Pendant plus de quatre ans de vie commune, jamais il n'avait évoqué l'existence d'Erwenn, jamais je ne m'étais douté de l'existence de cette dernière. Et à présent, voilà que celle-ci débarquait dans notre vie, sans crier gare. J'étais furieuse. Pire que ça encore. Quelques semaines plus tôt, Declan m'avait reproché mon silence, quant à mon éventuelle stérilité. Aujourd'hui, les rôles étaient inversés, et je lui en voulais pour avoir gardé le silence sur un détail aussi important que celui-ci. Je me relevai, la petite entre les bras, et la confiai à Declan.
« Où tu vas ? » « Prendre l'air. Voir si Erwenn ne revient pas. »
____ « Ils l'ont retrouvée ? » « Non, c'était pas elle. »
Cela faisait des jours maintenant que Declan et moi attendions d'avoir des nouvelles d'Erwenn, des jours que la police la recherchait, en vain. Colleen ne cessait de réclamer sa mère, de nous demander ce qui lui était arrivé, et malheureusement, ni lui ni moi ne pouvions lui répondre. Tout ce que nous pouvions faire, c'était attendre. Attendre, et prendre soin de Colleen, car cette petite ne méritait certainement d'être abandonnée comme elle l'avait été. Nous prenions soin d'elle comme si elle était notre propre fille. Nous l'avions bercée, calmée, l'avions laissée dormir avec eux la première nuit et nous avions même préparé une chambre spécialement pour elle le lendemain. La vie avec nous la changeait certainement de la vie avec Erwenn. Nous lui offrions une stabilité, une douceur à laquelle elle n'avait pas été habituée.
« Elle ne l'a pas trop réclamée, aujourd'hui ? » « Comme d'habitude... Je lui ai dit qu'elle ne reviendrait pas avant un moment. »
Un léger silence s'installa, silence pendant lequel je tentai de garder ce que j'avais sur le cœur. Mais, incapable de tenir plus longtemps, je finis par craquer :
« C'est tellement injuste... » M'exclamai-je, ma voix se brisant sous l'émotion. « Comment a-t-elle pu faire ça ? Si Ruben était vivant, j'aurais jamais pu... » « Je sais. », me coupa-t-il, en sachant pertinemment où je voulais en venir. Jamais je n'aurais pu abandonner notre enfant. Encore moins maintenant que les choses s'étaient compliquées, et que nous avions tout perdu. « Erwenn est comme ça. Irresponsable, instable et égoïste. »Mi-Juin 2011, Appartement de Cathleen & DeclanAllongée sur le canapé, entre mes bras, Colleen dormait à poing fermé. Elle s'était endormie avant même l'heure de sa sieste, et, consciente qu'il n'aurait pas été bon – pour nous deux – que je réveille la fillette, je l'avais laissé dormir. Mon film s'était terminé il y avait de cela quelques minutes, et je ne cessais d'observer la petite endormie entre mes bras. En quelques semaines, Colleen avait pris une place importante dans ma vie, et dans mon cœur. Sans que je le réalise réellement, la petite avait réveillé en moi un instinct maternel que j'avais déjà développé, quelques mois auparavant, lors de ma grossesse, et que j'avais perdu avec la mort de son fils. Au contact de la petite, je me sentais mieux. Nous nous apportions, l'une comme l'autre, une chose qui nous manquait cruellement : l'amour d'une mère et de son enfant. Se retournant, la petite ouvrit les yeux, croisant le regard bienveillant que je posais sur elle.
« Hey marmotte, tu te réveilles enfin ? »
Un sourire aux lèvres, je déposai un baiser sur le front de Colleen, qui gratifia ma joue d'un autre baiser, également. Me relevant avec la petite entre les bras, je la reposai sur le canapé, avant de me diriger dans la cuisine.
« Je parie que tu as faim ! »
Sortant du placard un paquet de cookies qui me rappela immédiatement ma grossesse, je revins dans le salon avant de tendre un biscuit à Colleen.
« Qu'est-ce qu'on dit ? » « Merciiiii. » « Merci qui ? » « Merci maman. »
Dans un premier temps,je restai sous le choc, et faillis presque en avaler de travers le cookie que j'avais engouffré quelques instants plus tôt. Toussant pour faire passer ce dernier, je m'installai à côté de ma nièce. Jamais, je n'aurais cru entendre le mot « maman » m'être adressé de la sorte. A la mort de notre enfant, je m'étais fait une raison, me disant, malgré moi, que jamais, je ne pourrais entendre mon fils m'appeler de cette façon. La douleur avait été si forte que je m'étais également persuadé que jamais plus je ne retomberais enceinte et que ma vie ne se résumerait qu'à mon couple avec Declan. Alors entendre ce mot que je n'espérais plus me faisait mal. Et parallèlement, cela me faisait du bien. S'installant aux côtés de la petite, le cœur battant à tout rompre, encore sous le coup de l'émotion, je replaçai une mèche des cheveux de Colleen, avant de lui souffler.
« C'est tata Cathlyn, ma chérie. Pas maman. »
___ « Je vais la coucher. », décréta Declan, alors qu'il prenait Colleen entre ses bras. S'approchant de moi pour que je puisse dire bonne nuit à la fillette, il se dirigea ensuite dans la chambre de la demoiselle qui lui réclama une histoire. Faisant marcher son imagination, Declan lui en raconta une, quelque peu décousue, mais qui sembla plaire à Colleen, qui souriait en l'écoutant parler. Declan était gentil. Il était rassurant. Il était aussi gentil qu'un père aurait pu l'être avec son enfant. La paternité... C'était une notion abstraite, tant pour Colleen, qui n'avait toujours eu que sa mère, que pour Declan, qui n'avait pas eu le temps de faire ses preuves en tant que père. Jusqu'à aujourd'hui, du moins. L'histoire terminée, il gratifia la joue de la demoiselle d'un doux baiser, avant de la border une dernière fois.
« Bonne nuit, princesse. », souffla-t-il, alors qu'il refermait la porte de la chambre. « Bonne nuit papa. »
La porte se referma sur ses mots. Declan resta un moment immobile, incertain d'avoir bien entendu ce qu'elle venait de dire. La bouche entrouverte, l'air visiblement mal à l'aise, il se dirigea dans la cuisine où je rangeais la vaisselle, pour me dire :
« Cath, faut que je te dise un truc. » « Moi aussi ! » « Elle m'a appelé papa. » souffla-t-il, encore un peu sous le choc. « Toi aussi ? T'as répondu quoi ? » « Rien, j'ai rien répondu, j'étais en train de fermer la porte quand elle l'a dit. Tu voulais que je réponde quoi ? » « Tu aurais dû la reprendre. C'est ce que j'ai fait. Elle m'a appelée maman, aujourd'hui. Je lui ai dit de m'appeler 'tata Cathleen'. » « Tata Cathleen ? » répéta Declan, l'air visiblement sceptique mais amusé à la foi. « C'est ridicule, Cath', c'est trop long ! » « C'est peut-être long, mais c'est ce que je suis : sa tata, et aux dernières nouvelles, je m'appelle bien Cathleen. »
Declan resta un moment silencieux, n'osant sûrement pas me répondre par crainte que je m'enflamme s'il venait à m'expliquer combien cette appellation était réellement ridicule.
« Va la voir. » « Pour faire quoi ? » « La reprendre. Si tu le fais pas, elle va toujours t'appeler 'papa' » « Mais... » « T'es pas son père Declan, et je ne suis pas sa mère. Elle doit le savoir. » « Je la reprendrai la prochaine fois. Elle doit sûrement dormir, à l'heure qu'il est. »
Je secouai la tête avant de prendre la direction de la chambre de Colleen. Declan m'emboita le pas, me retenant bien rapidement par le bras. Nous nous arrêtâmes net sur le pas de la porte, n'osant pas faire un seul pas dans la pièce en entendant la respiration régulière de la fillette endormie.
« La réveille pas pour ça. », souffla Declan, alors qu'il passa finalement ses deux bras autour de ma taille. Nous restâmes un instant tous les deux, dans les bras l'un de l'autre, à observer Colleen dormir. Oui, il n'y avait aucun doute : la présence de la petite dans notre vie changeait bien des choses, à commencer par cette résolution que nous avions prise, de ne jamais avoir d'enfant. Fin Septembre 2011, Garage de BluebellJ'attendais avec une certaine anxiété que Declan ne sorte de son boulot et qu'il ne me raccompagne à la maison. Après quelques minutes d'attente, sa silhouette se profila à l'horizon et il s'approcha bien rapidement de moi.
« Cath' ! Qu'est-ce que tu fais là ? »
Je grimaçai légèrement avant de baisser la tête.
« Neil m'a raccompagnée. », soufflai-je, tandis que nous prenions la direction de la voiture, tous les deux. Neil était un ami d'enfance. Il travaillait dans la police locale et enquêtait sur la disparition de Colleen, depuis qu'Erwenn l'avait enlevée à la sortie de l'école, quelques semaines plus tôt. Un enlèvement que Declan et moi n'avions pas compris et qui nous avait bouleversés, mais également éloignés l'un de l'autre. Tous les jours, nous attendions, dans l'angoisse, d'avoir des nouvelles de Colleen et d'Erwenn, en vain. Erwenn était venue récupérer sa fille, sans un mot, et malgré l'enquête qui avait été ouverte depuis la disparition de Colleen, j'avais la désagréable impression que rien n'avançait. C'était comme si nous ne retrouverions jamais la nièce de Declan. Et cette idée me rendait malade.
« Pourquoi est-ce qu'il t'a raccompagnée jusqu'ici ? », me demanda Declan, tandis qu'il m'ouvrait la porte côté passager. Prenant place dans la voiture, il fit le tour de cette dernière pour s'installer derrière le volant. Son regard inquisiteur posé sur moi, je baissais les yeux, osant à peine lui avouer ce que j'avais été en train de faire lorsque Neil m'avait trouvée. « Il m'a trouvée dans la rue. », expliquai-je, quelque peu mal à l'aise. « J'étais partie à la recherche de Colleen. » Je ne précisais rien quant à l'endroit sur lequel je m'étais trouvé, même si Declan se doutait pertinemment qu'il s'agissait d'un endroit peu fréquentable, à l'image que ceux que fréquentait Erwenn habituellement. « Tu... quoi ? Non mais... t'es inconsciente ou quoi ? Qu'est-ce qui t'a pris d'aller trainer dans un squat de la ville ? » « Ce n'est pas la peine de me faire la morale, Neil s'en est déjà chargé. » « J'espère bien ! Mais bon sang... Où tu avais la tête, Cath' ? C'est pas en allant te faire tuer par des dealeurs qu'on retrouvera Colleen et- » « Je suis désolée. D'accord ? Je n'ai pas voulu prendre de risque, tout ce que je voulais, c'était retrouver Colleen. J'en ai marre de devoir rester à la maison à attendre. »
Il poussa un soupir, avant de me souffler :
« On va la retrouver, Cath'. Je sais que c'est difficile de rester à attendre mais... c'est tout ce qu'on peut faire. » « Je ne peux plus jouer à ça, Declan. », soufflai-je, tandis que je sentis un de ses bras passer autour de mon épaule pour me ramener contre lui.
« Ca va aller. On va la retrouver. Elle va revenir. Je te le promets. »
Je hochai vaguement la tête, le cœur lourd à la simple pensée de la nièce de Declan. Au cours de ces derniers mois, Colleen avait pris une place tellement importante dans nos vies ! Jamais je n'aurais cru m'attacher à ce point à elle, ni même souffrir à ce point de son absence.
« Il faut que je te parle. » soufflai-je, après un moment de silence et une longue hésitation. Depuis plusieurs jours, je cachais quelque chose à Declan. Une chose qu'il me fallait lui avouer tôt ou tard. C'était la première fois qu'on se parlait réellement depuis la disparition de Colleen, et c'était peut-être le moment idéal. Je relevai la tête en direction de Declan qui me lançait un regard inquiet. Ma simple phrase avait suffit à attiser son inquiétude. Inspirant profondément, j'avalai difficilement ma salive, avant de lui avouer :
« Je suis enceinte. » Je détournais le regard, n'osant pas voir la joie dans le sien. Et avant même qu'il ne se réjouisse de la nouvelle, je le coupais, « Attends. J'ai pas fini. » J'inspirai une nouvelle fois, avant d'oser lui avouer, « Le médecin m'a dit que la grossesse était risquée. Très risquée. Il m'a dit que les chances pour que le bébé et moi, on y arrive au terme étaient très minces... Quasi nulles à vrai dire. Il veut que je... que je fasse une IVG. »
La bombe était lâchée. Je tournai la tête en direction de Declan, apercevant les traits de son visage se transformer en une sorte de colère que je ne comprenais pas. Etait-il en colère après moi ? Pourquoi ? Ca n'était pas comme si j'étais responsable de la situation. Serrant les poings, il quitta précipitamment la voiture, et je l'entendais cogner contre celle-ci quelques secondes après. Sursautant de surprise et de peur, j'attendis quelques secondes dans l'habitacle de la voiture avant de sortir pour le rejoindre.
« Je suis désolée. » soufflai-je, tandis que je m'approchais de lui. Il secoua vigoureusement la tête. « Arrête Cath', tu n'as pas à être désolée. Ca n'est pas ta faute. », me reprit-il, serrant les mâchoires sous la colère. « Ce bébé, c'est peut-être notre unique chance d'être parents. », me rappela-t-il, tandis que je baissai la tête. « Je sais. » « Tu ne peux pas faire ça, Cath', tu ne peux pas tuer notre bébé. » « Non. Arrête. Fais pas ça. Me fais pas culpabiliser, Declan. Tu crois que c'est pas difficile pour moi ? Tu crois que j'ai pas envie de garder ce bébé ? Me fais pas ça. Me demande pas de pas le faire. » « C'est notre bébé Cath'... On ne peut pas tirer un trait sur lui aussi facilement... » « Non, bien sûr que non. Mais on ne peut pas revivre ce qu'on a vécu cette année. Declan, je ne peux pas revivre ça. On a perdu Ruben, puis Colleen... Je ne veux pas perdre cet enfant aussi. Je ne veux pas m'y attacher. Je n'y survivrai pas. Declan, s'il te plait... Essaie de comprendre. J'ai besoin de toi. Je ne pourrais pas faire ça sans toi. »
Il garda le silence de longues secondes, avant de pousser un profond soupir.
« D'accord », souffla-t-il, finalement, en prenant sur lui. « D'accord. Je viendrai avec toi. » J'étais consciente de l'effort que je lui demandais. Consciente de l'effort qu'il faisait en acceptant de me soutenir. Ses bras se posant sur ma taille, il m'attira contre lui, et je blottis ma tête dans son cou. « Merci. », articulai-je difficilement, entre deux sanglots. « Je t'aime. Je t'aime tellement. »
Il sourit tendrement, avant de mettre une main dans sa poche.
« Cath, je sais que le moment est peut-être mal choisi mais... » il sortit de cette dernière un écrin qu'il ouvrit pour me laisser apercevoir une magnifique bague. « Je t'aime. Tu es ma famille, et tu les resteras toujours. Accepterais-tu de devenir Mme Campbell ? »Octobre 2011, Hôpital de BluebellJ'avais redouté ce moment pendant des semaines. La seule chose qui m'avait permis de tenir le coup, de ne pas craquer, ça avait été la présence de Declan à mes côtés. Une présence sur laquelle j'avais beaucoup compté en ce jour fatidique, car il me l'avait promis : il resterait avec moi, pour le meilleur et pour le pire. Le pire, nous l'avions déjà vécu en Avril, et nous nous apprêtions à le revivre à nouveau. Le pire s'était déjà produit, s'apprêtait à se reproduire, et malgré tout, je ne cessais de penser au meilleur. A toutes ces belles choses qu'il nous restait à vivre ensemble, à ce mariage que l'on s'était promis, à cette famille que nous allions construire à deux. Une famille bien loin d'être celle que nous avions imaginée et attendue depuis plus d'un an déjà, mais dont nous devrions nous contenter malgré tout. Oui, je comptais sur le soutien de Declan pour affronter cette épreuve. Un soutien qu'il n'était visiblement pas prêt à m'apporter. Devais-je lui en vouloir ? Je lui avais imposé une véritable torture, en lui demandant non seulement de renoncer à cette famille à laquelle il tenait tant, mais en plus en l'obligeant à m'accompagner pour l'intervention. J'avais su combien il était opposé à cette dernière, et j'aurais dû savoir qu'il ne supporterait pas de m'assister jusqu'au bout dans cette décision que je lui avais finalement imposée. Malgré tout, j'avais espéré. Espéré qu'il tiendrait sa promesse, qu'il serait là pour moi. Son absence me faisait mal. Pire encore, elle faisait ressurgir les doutes qui m'habitaient depuis plusieurs jours maintenant. Allongée sur la table d'examen, une infirmière à mes côtés, je luttais contre les larmes qui menaçaient de m'échapper.
« Le docteur ne devrait plus tarder. Je vais vous administrer un calmant, ça va vous aider à vous détendre, vous en avez besoin. », conclu-t-elle en me piquant le bras et en m'injectant le calmant qu'elle m'avait promis. « Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. » m'affirma-t-elle, en voyant l'angoisse dans mon regard.
Non, tout n'allait pas bien se passer. Je m'apprêtais à mettre un terme à ma grossesse, à renoncer à cette famille à laquelle je tenais tant. Je m'apprêtais à tuer mon enfant. Tout ne se passerait pas bien. Je me retins de lui dire ces mots, fermant un instant les yeux pour me calmer, et inspirant profondément. Les minutes s'écoulèrent, toutes aussi longues les unes que les autres, jusqu'à ce que, finalement, le docteur ne pénètre dans la pièce, vêtu de sa blouse blanche, un lent sourire se dessinant sur ses traits.
« Vous êtes prête ? » me lança-t-il, tandis qu'il me désignait un brancard, à l'entrée de la salle d'examen. « Si tout est bon, on va vous emmener au bloc sans plus tarder. Une fois sur place, on vous fera une anesthésie, et je procèderais à l'intervention. Ca ne devrait pas être bien long. L'affaire d'une heure, tout au plus. », m'indiqua-t-il, tandis que je me redressais légèrement.
Je ne me sentais pas très bien. J'avais l'esprit ailleurs, et je commençais à avoir des vertiges. J'essayais de me lever, péniblement, avant de renoncer.
« Je ne peux pas. » soufflai-je finalement, mon cœur tambourinant dans ma poitrine comme jamais. « On va vous aider à vous relever, ce n'est pas un problè- » « Non », le coupai-je brusquement. « Je ne peux pas le faire. L'intervention. Je ne veux plus la faire. »
Le médecin et l'infirmière s'échangèrent un drôle de regard, et finalement, mon obstétricien poussa un long soupir.
« C'est le stress qui vous fait parler, Melle Harrington. » tenta-t-il de me raisonner tandis que je secouai vigoureusement la tête. Ca n'avait rien à voir avec le stress, tout à voir avec l'amour. Je ne pouvais pas faire ça. Je ne pouvais pas tuer mon enfant. Pas après tout ce qui s'était passé en début d'année, pas en sachant que c'était peut-être ma seule chance d'être un jour maman.
Poussant un profond soupir, l'homme quitta la pièce sans un mot pour annuler la réservation du bloc, et annuler l'intervention. L'infirmière étant restée à mes côtés garda le silence quelques instants, avant d'oser me demander :
« Vous êtes sûre de ce que vous faites ? »
Je hochai la tête en guise de réponse. Oui, j'en étais sûre. J'en étais certaine. J'étais consciente de prendre une décision importante, une décision qui changerait à jamais ma vie et celle de Declan. Une décision qui pourrait tout aussi bien détruire notre couple, si les choses venaient à mal se terminer et pourtant, j'avais envie d'y croire. Le médecin revint après quelques minutes, un air soucieux sur le visage.
« Vous savez quels sont les risques, Cathleen ? »
Je hochai la tête à sa question. Oui, je connaissais les risques. Il me les avait suffisamment exposés par le passé pour me convaincre de renoncer à cette grossesse pourtant déjà bien entamée.
« Ils sont considérables. » insista-t-il, comme si je ne l'avais pas encore compris. « Les chances pour que vous et votre enfant y surviviez sont minces. »
Je n'écoutais plus ce qu'il disait. Ma main se posa instinctivement sur mon ventre, tandis qu'une joie immense m'habita. J'allais avoir un bébé. Un doux sourire se dessina sur mes lèvres, tandis que mon médecin poursuivait avec ses quelques recommandations :
« (…) pas le moindre effort. Il vous faudra manger équilibrer aussi, veiller à vous reposer au maximum. Un repos strict serait idéal. Ce qui signifie un repos total jusqu'à l'accouchement. Evitez de marcher, n'envisagez même pas de courir, ne prenez pas le volant et ménagez vous. C'est important. Votre corps ne supportera pas la grossesse si vous continuer à agir normalement. Il vous faut être très prudente. »
Quelque chose me disait que cette grossesse ne serait peut-être pas aussi idéale que je l'avais imaginé. Malgré tout, j'acquiesçai à ses paroles, le laissant ainsi poursuivre :
« Une sage femme passera chez vous toutes les semaines pour s'assurer du bon déroulement de votre grossesse. Si elle estime que votre état nécessite une hospitalisation, il vous faudra venir ici. De même si vous avez un malaise, ou de fortes douleurs au ventre... En cas de problème, il vous faudra appeler les urgences. C'est important. Votre vie et celle de votre enfant en dépendent. », souligna-t-il, d'un ton grave, tandis que je continuais de caresser mon ventre avec douceur. « En ce qui me concerne, je souhaite vous revoir dans un mois, afin de vérifier de mon côté aussi que tout se passe bien. En attendant notre prochaine visite, je compte sur vous pour ne pas faire la moindre folie. »
Je souris légèrement avant de hocher la tête une nouvelle fois. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres également avant qu'il ne quitte la pièce pour préparer les ordonnances dont j'aurais besoin. L'infirmière présente dans la pièce m'aida à me rhabiller, avant de me raccompagner jusqu'à la salle d'attente. En chemin, elle m'indiqua :
« Votre compagnon est là. Il vous attend dans la salle d'attente. Vous devriez le rejoindre. » Elle m'adressa un léger sourire, relâcha mon bras, et me laissa faire les quelques mètres qui me séparaient de Declan. Il tournait en rond dans la pièce, il avait l'air d'un lion en cage. Je pouvais lire l'inquiétude dans son regard. Mon cœur se serra, et je tentai de l'interpeller une première fois. Encore sous le coup de l'émotion, ma voix se voulait faible, presque inaudible. Je répétai son prénom, plus fort, et il redressa finalement la tête, croisant bien rapidement mon regard. Il se précipita sur moi, s'emparant bien rapidement de ma main et me serrant fort contre lui. Dans ses bras, je laissais retomber toute la pression accumulée ces derniers jours, laissant quelques larmes m'échapper. Je n'eus pas le temps de parler à Declan que déjà, il s'excusait :
« Je suis désolé. Je voulais être là… c’est juste que… Je suis là. » finit-il par dire en resserrant son étreinte et en déposant un doux baiser dans mes cheveux. « ça ira, ma puce. » reprit-il, tandis que j'éloignai mon visage de son cou, pour lui souffler, entre deux sanglots :
« Je... l'ai pas... fait. » Il semblait ne pas comprendre où je voulais en venir. Ou alors, il était sous le choc. Je n'en savais rien. Toujours est il que je repris, afin qu'il comprenne, « J'pouvais pas faire ça, Declan. Ce bébé, c'est une partie de nous, c'est notre seule chance... » J'ignorais quelle serait sa réaction. S'il sauterait de joie ou non. Quelque part, j'avais envie de croire que oui. Car il tenait autant à cet enfant que moi. Les sanglots me submergèrent de plus belle, et je me blottissais à nouveau dans ses bras à la recherche de réconfort. Tandis que je nichais ma tête dans son cou, je soufflais finalement, « On va avoir un bébé. »Novembre 2011 - lettre à DeclanDeclan, mon amour, Si tu lis cette lettre, c'est que les choses se sont mal passées, que je ne suis plus à tes côtés pour te dire combien je t'aime. Mon amour, j'ose espérer qu'au moment où tu la liras, tu ne seras pas rongé par le chagrin. Je sais combien il est difficile pour toi d'imaginer ta vie sans moi, pour la simple et bonne raison que moi-même, je n'imagine pas la mienne sans toi. Mais la vie est ainsi faite, et parfois, nos chemins viennent à se séparer, pour un temps du moins. Mon amour, retiens seulement une chose : l'amour que j'ai pour toi est éternel, et même la mort ne suffira pas à l'effacer.
Tu as été la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie. Ne l'oublie jamais. Sans toi, ma vie aurait été bien loin d'être belle, mais tu as su en sublimer chaque moment depuis le jour même de notre rencontre. Et en cela, je t'en serais éternellement reconnaissante. Tu m'as rendue meilleure, tu m'as appris à aimer, à vivre également, et sans toi, jamais je n'aurais osé prendre le risque de vivre, véritablement. La femme que je suis, je ne la suis devenue que grâce à toi, ton amour, ta patience, mais aussi ta douceur. Merci pour avoir cru en moi, et pour avoir fait de moi celle que je suis aujourd'hui.
J'ignore encore si nous avons fini par – enfin – franchir le pas, par enfin nous unir l'un à l'autre. Je l'espère, sincèrement. Parce que j'aimerais que les gens se souviennent de moi comme de Mme Campbell, ton épouse dévouée et fidèle, prête à tout, par amour pour toi et ce, malgré mon humeur exécrable et mes lancers de cornichons. Quand bien même nous n'aurions pas eu le temps de nous unir officiellement avant ma mort, sache une chose : tu es le seul homme que j'ai jamais aimé, et le seul que j'aimerai jamais et ce, même à travers la mort.
Tu es un père formidable. Souviens t'en, dans les moments difficiles. Je compte sur toi pour prendre soin de nos deux enfants, même si je sais pertinemment que tu les aimeras suffisamment pour deux. Oui, aime les pour moi, et accorde leur autant de patience et d'attention que j'en ai reçues de ta part.
J'ose espérer qu'un jour, tu te seras remis de toute cette histoire, qu'un jour, tu retrouveras quelqu'un qui saura te donner tout l'amour que j'ai déjà pu te donner, et qui saura aimer Collin et notre fils tout autant que je les ai aimés. Je sais que c'est peut-être encore inenvisageable pour toi, mais j'aimerais que tu refasses ta vie. Pour toi, mais aussi pour les enfants. Pour que le reste de votre existence soit aussi exceptionnel qu'il devrait l'être.
Si un jour tu venais à raconter notre histoire à notre fils, précise-lui bien que je l'ai aimé et ce, même si au début de ma grossesse, j'ai songé à y mettre un terme. Toi plus que quiconque sait combien je tenais à cet enfant et ce, malgré les mauvaises décisions que j'ai pu prendre, ou envisager. Dis lui combien je l'aime, et ne le laisse pas non plus culpabiliser de la situation.
Profite de chaque instant, de chaque occasion que la vie t'offrira, en te concentrant avant tout sur le positif qu'elle t'a apporté, à commencer par ces deux merveilleux enfants qu'elle nous a donné. Crois moi, la vie a aussi son lot de bonnes surprises, ne te laisse pas envahir par tout le négatif qu'elle a pu t'apporter jusqu'à présent.
Prends soin de toi, Declan, sois heureux, et vis pleinement chaque instant qui t'es encore donné. Prends soin de nos enfants (même si je sais pertinemment que je n'ai pas à te le demander) et rends les heureux comme tu m'as rendue heureuse. Je veillerai sur vous, de là où je serais.
Je t'aime, pour toujours et à jamais.
Cathleen. Novembre 2011, Appartement d'ErwennElle était vivante. Colleen était vivante, et en bonne santé. Ce coup de fil, nous l'avions attendu pendant des semaines, et voilà à présent qu'elle était dans nos bras, à pleurer toutes les larmes de son corps. Du sang recouvrait son visage, celui de sa mère. Erwenn avait beau être ce qu'elle était, elle ne méritait certainement pas une telle mort. Tout comme Colleen ne méritait pas d'avoir à assister à de telles atrocités. Secouée par les sanglots, la petite s'accrochait à nous comme si sa vie en dépendait. Encore sous le choc de la nouvelle, je me contentai de passer une main affectueuse dans ses cheveux tandis que Declan la serrait fort contre lui.
« Shh, princesse, ça va aller. Daddy et Mummy sont avec toi, maintenant », lui soufflait-il, pour la rassurer.
Croisant le regard de Declan, ce dernier passa sa main libre sur mon ventre, avant de souffler, à mon adresse :
« Ca va aller. Tout va bien se passer. »
Je lui adressai un triste sourire, avant de me blottir à mon tour dans ses bras. J'avais envie de le croire, de me dire que tout se passerait bien. Même si rien n'était plus incertain que notre avenir. Février 2012, Hôpital de BluebellAux yeux de bien des personnes, Cathleen Harrington était une femme de caractère, peut-être parfois un peu trop autoritaire, un peu trop sérieuse, intransigeante, et froide. Pour bien des personnes, j'étais une femme forte. Et je l'étais, la plupart du temps. Sauf lorsque mes proches entraient en compte. Depuis l'incendie, la mort de notre fils, j'avais perdu de cette hargne qui m'avait autrefois caractérisée. Une chose que peu de personnes savaient, en dehors de Declan. Mon compagnon et désormais fiancé était à vrai dire la seule personne à savoir qui j'étais réellement, quelles failles se cachaient derrière mes sourires, et combien ma vie avait perdu son sens depuis ce jour fatidique où notre famille s'était vue voler en éclats. Aujourd'hui encore, malgré cette nouvelle grossesse, cette nouvelle chance que nous avions de pouvoir former un jour cette famille à laquelle nous tenions tant, ma joie de vivre n'était pas totalement revenue. Peut-être parce que, intérieurement, je sentais que tout notre bonheur ne tenait qu'à un fil, et qu'un seul événement pouvait venir tout bouleverser.
Cet événement s'était finalement produit. Assise dans la salle d'attente de l'hôpital, je gardais la tête baissée, retenant les quelques larmes qui menaçaient de s'ajouter aux précédentes que j'avais déjà versées dans le trajet jusqu'à l'hôpital. La vie de Declan n'avait tenu qu'à un fil. Un coup de fil, à vrai dire. Sans Cappie, assis à mes côtés, Declan serait peut-être mort. Mais il irait bien. C'était ce que l'on cessait de me répéter, du moins. Il était entre les mains de médecins qui feraient tout pour le sauver. Ca aurait dû me rassurer, et pourtant, je ne pouvais me séparer de ce sentiment d'angoisse qui m'oppressait et qui ne me quitterait pas tant que je ne serais pas certaine de l'état de santé de mon fiancé. Secouée par les sanglots, je gardais le silence, écoutant à peine les mots rassurants que me soufflait Cappie. Mes pensées se tournaient toutes vers ma famille : Vers Decla, vers Colleen, vers ce bébé que je portais, vers cette famille que nous nous apprêtions à former et qui reposait à présent entre les mains des médecins.
« Il va s'en sortir. Il va s'en sortir. Il va s'en sortir. Il va s'en sortir. Il va s'en... » me répétai-je, inlassablement en caressant mon ventre avec tendresse, comme pour me convaincre de ce que j'avançais.
Mes mots résonnaient comme une prière. Pire, comme une supplication. Declan devait s'en sortir. Parce que je n'imaginais pas une seule seconde ma vie sans lui. Parce que je ne voulais pas avoir à rentrer à l'appartement pour annoncer à Colleen que son Daddy n'était plus de ce monde. Je ne survivrais pas à de telles épreuves. J'en étais certaine. J'avais cru mourir, à la perte de notre premier enfant. S'il y avait bien une chose dont j'étais certaine, c'était bien que la mort de Declan m'anéantirait définitivement.
Les heures défilaient, et mon inquiétude grandissait. Mes sanglots s'étaient calmés, mais mes yeux étaient toujours autant rougis par les larmes, mais également par la fatigue qui commençait à s'abattre sur moi. Fermant les yeux quelques instants, je les rouvris après un moment pour enfin m'adresser à Cappie – mes premiers mots en deux heures d'une insupportable attente :
« C'est normal, que ça leur prenne autant de temps ? » demandai-je, laissant mon angoisse prendre le dessus, et jetant un rapide coup d'oeil aux portes battantes à quelques mètres de là. « Tu crois que c'est normal ? Que c'est bon signe ? S'il était... Si... si son état avait empiré... Ils nous l'auraient déjà dit, non ? »
J'étais terrifiée. Terrifiée à l'idée de le perdre, de ne pas savoir, de ne rien pouvoir contrôler. Terrifiée à l'idée que l'on m'arrache l'homme que j'aimais sans que j'aie pu faire quoi que ce soit pour l'en empêcher.
« Je peux pas le perdre. » soufflai-je finalement, comme dans un aveu. « C'est l'homme de ma vie. S'il n'est plus de ce monde... Je ne suis plus rien. », confiai-je à son ami, avant de baisser la tête, sentant les larmes monter à mes yeux. Oui, j'aimais Declan plus que tout. Je l'aimais tellement que l'idée même qu'il souffre me faisait souffrir atrocement. Je l'aimais comme je n'avais jamais aimé personne. Et comme personne en ce monde n'avait certainement jamais aimé.
« Il faut qu'il s'en sorte. » repris-je, à voix basse, plus pour moi-même, avant de me replonger dans ce mutisme qui me caractérisait tant en cas de problème. Un mutisme que j'utilisais comme un moyen de protection contre le monde extérieur. Un mutisme dont je ne sortirais pas tant que l'on ne m'aurait pas rassurée sur l'état de santé de mon compagnon.
Trois heures plus tard...
La fatigue me gagnait de plus en plus. Par moments, mes yeux se fermaient, se faisant de plus en plus lourds, mais se rouvraient bien vite. Après une attente qui m'avait semblé interminable, un médecin entra enfin dans la salle d'attente.
« La famille de Declan Campbell ? »
Ni une ni deux, je me relevai brutalement, sans tenir compte des quelques étoiles qui dansaient à présent devant mes yeux après ma réaction un peu trop vive. Nous indiquant un endroit quelque peu à l'écart, le médecin m'invita à m'asseoir avant de prendre place sur le bras du fauteuil sur lequel j'étais, et qu'il ne m'explique ce qu'ils avaient fait à Declan, à savoir, l'avoir plongé dans un coma artificiel avant de lui retirer la rate, et de soigner les quelques autres complications qu'il avait eues. J'écoutais à peine les mots du médecins. Seuls quelques uns parvenaient jusqu'à mes oreilles, avec entre autres, cotes cassées, poumon perforé, fracture du nez... Je ne me sentais pas bien, et le blabla médical que me sortais l'homme en face de moi n'arrangeait pas les choses. Ne pouvait-il pas commencer par le plus important, à savoir, l'état de santé actuel de mon fiancé ? C'était tout ce qui m'importait. Les dégâts qu'il avait eu passaient après. Bien après. Tout ce que je voulais à cet instant, c'était l'entendre me dire que les choses se passeraient bien, et que Declan s'en sortirait.
« Il vivra. » souffla-t-il finalement, libérant mon cœur d'un énorme poids. « Il a besoin de temps pour récupérer. Il devrait se réveiller dans deux jours… Il a également quelques coupures et hématomes sur le visage, ainsi qu’une fracture du nez mais rien d’inquiétant. Il est aux soins intensifs en ce moment même. Vous pouvez le voir mais pas trop longtemps. Il a besoin de repos…Une infirmière va vous accompagner pour le voir, d’ici quelques minutes… »
J'allais le voir. J'allais voir Declan. Je sentis de nouveau les larmes me monter aux yeux, des larmes que je ne pensais pas capable de verser après toutes celles qui m'avaient déjà échappées au cours de ces dernières heures, et pourtant...
Déjà, le médecin enchainait, nous précisant qu'à la moindre question, nous devrions nous adresser à lui, et ne pas hésiter. Il insista, me rassura, mais je me fichais bien des mots qu'il pouvait prononcer à cet instant. Tant que je n'aurais pas vu Declan, je n'y croirais pas. Tandis que le médecin s'excusa et s'apprêtait à nous quitter parce qu'il avait une autre urgence, une infirmière se présenta à nous, afin de nous conduire jusqu'aux soins intensifs, où se trouvait Declan. Je me levais de mon fauteuil, la suivant machinalement, sans un mot, tel un automate. Après quelques instants, la jeune femme s'arrêta finalement, nous désignant la porte d'une chambre d'un signe de tête.
« C'est ici. », nous indiqua-t-elle, tandis que je posai déjà ma main sur la poignée de la porte. « Vous avez le droit à cinq minutes, pas une de plus. » précisa-t-elle, avant de s'éloigner tandis que nous pénétrâmes dans la chambre de Declan.
Il était là, allongé dans ce lit. Il avait l'air paisible et ce, malgré les nombreuses blessures et contusions qu'il avait sur tout le corps et tout le visage. Il avait l'air vulnérable, aussi. Comme je ne l'avais encore jamais vu. J'éclatais en sanglots avant de m'approcher de son lit pour l'embrasser tendrement sur le front. Me saisissant de sa main, je la posais tendrement sur mon ventre, avant de souffler :
« On est là, chéri. Tout va bien se passer. Tu es entre de bonnes mains. Tout va s'arranger, tu verras. Il faut juste que tu tiennes le coup. Fais le pour nous, et pour Colleen. Bats toi pour notre famille. » mes mots n'étaient qu'un murmure, qu'il n'entendrait probablement jamais. Et pourtant, j'avais envie de croire qu'une partie de lui les entendrait, et que cela lui permettrait de se battre, de s'en sortir au plus vite.Juin 2012, appartement de Declan & CathlenLes yeux fermés, je savourais cet instant. Il était rare que Declan et moi soyons seuls. Son nouvel emploi au centre lui prenait beaucoup de son temps, et rares étaient ces moments où nous pouvions nous retrouver. Mais ce soir, les choses étaient différentes. Colleen était partie passer la nuit chez une amie, et Declan avait saisi l'occasion pour me faire une surprise. Au programme : un semblant de lune de miel dans notre petit appartement. Si, grossesse oblige, j'avais passé ma journée au lit, cette « lune de miel » était bien loin de ressembler à tout ce que j'avais déjà pu m'imaginer. Allez savoir pourquoi, dans chacun de mes fantasmes au sujet de cette dernière, je nous avais imaginés, Declan et moi, nus comme des vers, à savourer pleinement ce moment précieux. Au lieu de ça, le reste de notre plateau repas trônait sur la table de chevet, et j'avais trouvé refuge dans ses bras.
Blottie contre Declan, je fermai les yeux pour profiter de cet instant en tête à tête. Les rouvrant après un moment, mon regard se perdit sur sa main qui caressait tendrement mon ventre rebondi. Il l'ignorait, mais ces caresses me faisaient un bien fou. Car depuis le réveil, j'avais parfois d'horribles douleurs au ventre, douleurs que j'avais tues, pour ne pas gâcher ce moment, et pour ne pas l'inquiéter plus que nécessaire. Celles-ci semblaient s'estomper, à mesure que j'étais à ses côtés. Et même le bébé, très agité dans la matinée, semblait s'apaiser maintenant que son père était avec nous. Tendrement, je posai ma main sur la sienne, avant de redresser la tête dans sa direction.
« Tu as conscience que ce n'est pas du tout ce que j'avais imaginé, pour notre lune de miel ? », lui demandai-je, avec un sourire aux lèvres.
J'étais frustrée, et c'était peu dire. Pendant toute ma grossesse, Declan avait eu interdiction de me toucher. Pas par ma faute, non, mais parce qu'il avait sagement écouté les conseils du médecin. Le problème ? C'était justement que cette grossesse me mettait dans un état pitoyable. Mes hormones jouaient aux montagnes russes, et jamais je n'avais été aussi frustrée qu'à ce jour. Declan, pleinement conscient de cette frustration, s'en amusait parfois. Pour ne pas dire constamment. Mais ça avait bien souvent tendance à me rendre folle de rage. Qu'à cela ne tienne, il paierait un jour. Et peut-être même plus tôt que prévu... Machinalement, mes lèvres se posaient dans son cou, tandis que mes mains se glissaient sous son t-shirt, pour descendre lentement jusqu'à la ceinture de son pantalon. Je le sentis frissonner à ce contact, et je ne pus retenir un sourire victorieux.
« On dirait que M. Campbell est aussi frustré que sa femme », lançai-je, amusée, tandis que dans un effort surhumain, il me repoussait. « Me fais pas ça, chéri, t'as pas idée de combien j'ai envie de toi », soufflai-je, en reprenant mon petit jeu.
Si j'étais faible, Declan, lui, semblait bien plus fort à ce jeu là. Résistant une dernière fois, il me repoussa doucement avant de se lever et de m'indiquer qu'il allait remettre le plateau repas dans la cuisine. Lâche. Il fuyait devant la tentation. Finalement, il était le plus faible de nous deux. Poussant un soupir de frustration, je le regardai s'éloigner pour se diriger dans la cuisine. Il commença à faire la vaisselle et, un sourire aux lèvres, je lui lançai depuis la chambre, « C'est une douche froide, qu'il te faut. La vaisselle ne changera rien à ton état ! ». J'adorais le taquiner de la sorte. C'était plus fort que moi, à vrai dire, et, entre nous, Declan me le rendait bien. Après 6 années d'amour, on avait fini par trouver cet équilibre à deux. Un équilibre qui avait été quelque peu bouleversé, au cours de l'année passée, mais que nous avions finalement su reprendre. Notre nouvel équilibre était la vie de famille. Nous étions à présent mariés, nous avions une fillette à charge et un bébé en route. Notre vie pouvait sembler idyllique, en apparence. Sauf que tant que je ne tiendrai pas mon fils dans mes bras, je ne pourrais pas savourer pleinement ce bonheur qui semblait finalement nous tendre les bras.
Lasse d'attendre Declan, je finis par me lever. Ma main posée sur mon ventre, je quittai doucement la chambre pour aller en direction de la chambre du bébé. La veille, Declan m'avait fait la plus belle des surprises. Il avait aménagé toute la chambre pour l'arrivée du bébé. Si tout se passait bien, dans une quinzaine de jours, nous serions quatre à la maison. Autant dire que je comptais les jours jusqu'à mon terme avec une certaine impatience. Poussant la porte de la chambre du bébé, je pénétrai dans celle-ci sans plus attendre. J'étais encore une fois étonnée de voir combien Declan avait pu s'appliquer dans sa tache. La chambre était décorée avec beaucoup de goût, chose que peu d'hommes auraient été capables de faire. A quelques mètres du berceau, il avait installé son vieux fauteuil, celui qu'on avait auparavant eu dans notre salon. Un des rares meubles qui avaient survécu à l'incendie. C'était le seul objet dans la pièce qui vienne de notre ancien appartement. Par superstition, j'avais refusé qu'on donne à Auggie la chambre qu'on avait achetée à Ruben, un an plus tôt.
Perdue dans la contemplation de la pièce, une douleur lancinante au ventre me ramena à la réalité. J'allais pour quitter la pièce, mais je sentais que mes jambes étaient trop faibles pour me porter. Je m'écroulais au sol, fermant les yeux l'espace de quelques secondes. L'instant d'après, Declan était à mes côtés. Je l'entendais m'appeler, et quand j'ouvris les yeux, je compris que j'avais été inconsciente pendant un moment.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? », soufflai-je, tandis que je tentai de me redresser, en vain. Je n'avais pas assez de force pour ça, ni même pour marcher. Ma main s'empara de celle de Declan, et je sentis que cette dernière était moite. Baissant les yeux sur celle-ci, je vis qu'elle était couverte de sang, le mien. Le temps sembla s'arrêter un instant. Le temps que je réalise ce qui était en train de se passer. Le temps que je porte ma main à mon ventre pour sentir notre fils, en vain. « Declan, je crois... Je crois que... le... bébé ne bouge plus », peinai-je à articuler à travers les sanglots qui me gagnaient. Ca ne pouvait pas recommencer. Pas cette fois. Je n'étais pas certaine de pouvoir revivre ça. Pas certaine d'y survivre. Nous avions trop perdu, la première fois. Nous ne pouvions pas perdre un deuxième enfant. Parce qu'il était notre seule chance, et parce que, malgré tout ce que j'avais beau dire durant ma grossesse, j'avais gardé l'espoir que, cette fois-ci, les choses se passent bien.Octobre 2012, Appartement de Declan & CathleenDes cris, des pleurs. Ceux de Ruben. Non. August. Je me réveillai en sursaut, dans le profond silence de la nuit. Pas un bruit. J'avais encore rêvé. Correction : cauchemardé. Depuis la naissance d'August, mes cauchemars étaient récurrents. Et dans ces derniers, je revoyais encore et toujours la même chose : le petit corps inanimé de Ruben. J'avais pensé avoir fait le deuil de sa mort, j'avais naïvement cru que la venue au monde d'August changerait les choses, qu'elle me ferait oublier la perte de ce premier fils que Declan et moi aurions dû avoir. Je m'étais cependant trompée. Fermant les yeux comme pour me ressaisir, je jetai un coup d'oeil à mes côtés. Declan semblait dormir à poings fermés. Je me levai du lit avec une douceur infinie, pour ne pas le réveiller. Sur la pointe des pieds, je quittai notre chambre pour rejoindre celle qui se trouvait en face de la notre et qui s'avérait être celle d'August. Pénétrant sans un bruit dans la pièce, je m'approchai du berceau qui se trouvait près de la fenêtre pour jeter un œil dans celui-ci. Il allait bien. Une vague de soulagement me submergea, et, bien malgré moi, je pris mon fils dans mes bras pour le serrer contre moi. Il s'agita un instant, gêné par ma présence, mais se rendormit bien rapidement au creux de mes bras. Je me retournai pour aller m'asseoir dans le fauteuil à quelques pas de là. La pleine lune filtrait à travers la fenêtre et sa lumière me permettait de voir le visage paisible de mon fils endormi. Les yeux posés sur lui, je restai à l'observer ainsi pendant de longues minutes, oubliant toute notion de temps et laissant le sommeil me rattraper. Quelques minutes – ou quelques heures plus tard – un léger bruit me réveilla en sursaut.
« Chuuut, c'est moi », souffla Declan, tout en s'approchant de nous. « Ca va ? »
Je me contentai d'un hochement de tête tandis que je posai mon regard sur Auggie qui dormait toujours tout contre moi.
« J'ai cru l'entendre pleurer », chuchotai-je, comme pour justifier ma présence dans la pièce. Je relevai la tête en direction de Declan, le voyant se pincer les lèvres comme pour se retenir de me faire une remarque.
« C'était qu'un rêve, Cath'. Il va bien. », souffla-t-il, avec douceur, comme pour me convaincre d'une chose que j'étais pourtant capable de voir de mes propres yeux. « Je sais. Il va bien. » Il allait bien. Et il irait bien. Je ferai tout pour que les choses en soient ainsi.
S'approchant un peu plus de nous deux, il prit doucement August dans ses bras, avant de le redéposer dans son berceau. Je me relevai du fauteuil pour le rejoindre, près du lit de notre fils. Machinalement, j'allai me blottir dans les bras de Declan qui m'embrassa sur la tempe.
« Il ne lui arrivera rien Cath', je te le promets. »
Il connaissait mon angoisse. C'était ainsi entre Declan et moi : je n'avais pas besoin de dire les choses qu'il les devinait de lui même. Il savait lire en moi. Il me comprenait mieux que personne et parfois même mieux que moi-même. C'était aussi pour ça que les choses avaient toujours si bien marché entre nous. Je ne lui répondis rien, me contentant de resserrer mon étreinte contre lui. Doucement, il m'entraîna à l'extérieur de la chambre pour me reconduire dans notre lit.
Une fois dans le lit, je me blottis une nouvelle fois tout contre lui, à la recherche de la chaleur de ses bras réconfortants. Doucement, il caressa mon bras de sa main libre.
« J'ai tellement peur qu'il lui arrive quelque chose à lui aussi. », avouai-je, après un moment, brisant le silence dans lequel je m'étais murée depuis quelques minutes. Je sentis le corps de Declan se raidit légèrement à ma remarque. Poussant un soupir, il me répondit finalement :
« Je sais. Mais il ne lui arrivera rien. Je ne laisserai rien lui arriver. Je te promets d'être là pour vous, cette fois-ci. » J'entendais la culpabilité dans sa voix. Une culpabilité qui ne s'était pas effacée avec le temps. Declan se sentait toujours responsable pour ce qui nous était arrivé un an et demi plus tôt. Comme si sa présence aurait pu changer quelque chose. Il savait, dans le fond, que c'était faux, et qu'il n'aurait pas pu nous sauver des flammes, même s'il l'aurait voulu. La gorge nouée, je relevai la tête pour déposer un tendre baiser sur sa mâchoire.
« Je t'aime. », soufflai-je, tout contre ses lèvres, avant de l'embrasser. « Je t'aime aussi », répondit-il alors que nos lèvres se séparaient et que nos regards se croisaient dans la pénombre. Reposant ma tête contre son torse, je fermai les yeux.
On s'aimait. C'était peut-être là le plus important. Parce que, tant qu'il resterait à mes côtés, je serais prête à tout surmonter. J'avais déjà surmonté le pire grâce à lui. A ce jour, ma vie toute entière ne dépendait que de lui. Et tant que notre amour perdurerait, j'avais la certitude que les choses finiraient par s'arranger et qu'on finirait par tourner la page. |
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