La porte d'entrée referma brutalement derrière moi. J'avais la rage, j'allais tuer quelqu'un, la première personne sur mon passage allait passer un mauvais quart d'heure. « Dev!» hurlai-je alors que je montai les escaliers pour aller à l'étage. Je savais qu'elle était là et je m'en foutais si sa tante était présente aussi ou pas. Devyn sortit de sa chambre, inquiète, me dévisageant avec son air interrogateur. J'étais rarement aussi en colère et elle avait intérêt à avoir peur. Comment avait-elle osé me tromper? Rumeur ou pas rumeur, je ne supportais pas passer pour l'imbécile de cocu. Après tout ce temps, je l'aimais bordel, elle n'allait pas s'en tirer comme ça. Je me ruai sur elle, la coinçant contre le mur pour l'empêcher de bouger. « Comment tu peux me faire ça? T'as pas honte de te taper un gros blaireau dans mon dos? Tu sais qui je suis, hein? Personne n'a le droit de me faire ça! J'ai été pourtant très clair la dernière fois, tu es à moi et à personne d'autre! T'es qu'une salope! Je préfère te voir crever que de savoir que tu baises avec un autre! » Avec un peu plus de force j'arriverai à l'enfoncer dans le mur si j'en étais capable. Pour la première fois, j'avais le coeur en compote. C'était tellement désagréable que j'avais envie d'une bière, ou voir deux. C'était donc ça un 'chagrin'? N'importe quoi! Je lâchai Devyn qui essayait de se justifier malgré tout. Mais je n'entendais rien, à part des mensonges. Ne sachant pas d'où ma pulsion venait, ma main droite se retrouva voilement sur sa joue, mouillée par ses larmes. Jamais encore je n'avais frappé une fille. Je reculai, choqué, alors que Devyn se laissait glisser sur le sol, aussi choquée que moi. Au même moment, sa tante était montée à l'étage et j'ignorai si elle avait vu la scène ou non. Je m'en foutais. Il fallait que je me casse d'ici, loin de tous. « Tu me donnes envie de vomir Devyn. Regarde moi bien car c'est la dernière fois que tu verras ma tête avant que je trouve ce branleur pour lui casser sa tête en deux. » après avoir craché ses paroles, je bousculai sa tante en lui lançant un sourire narquois, puis disparu de leur maison en cassant tout ce que je trouvais au passage. Personne n'avait le droit de se foutre de ma gueule.

Mais bon, ça, c'était à la fin de notre relation. Car, avant nous avions vécu deux belles années ensemble. On s'engueulait souvent, mais ça n'avait jamais été aussi loin. Je m'énervais facilement, mais aucune personne ne m'avait mis à bout comme elle l'avait fait. J'étais comme détruit. Je me souvenais de nos premiers jours, nous nous cherchions sans vraiment comprendre si l'un aimait l'autre. C'était ma petite préférée du groupe. Quand les autres me tournaient souvent le dos, elle, elle était là. C'était genre la fille que toute la bande voulait, et je savais depuis le début qu'elle était à moi. C'était difficile de l'attraper, mais elle tomba facilement dans mes filets. Soirées après soirées, nuits après nuits, drogue, alcool, sexe, que demander de plus. Ce petit jeu avait duré quelques mois, jusqu'au moment où j'étais carrément tombé amoureux d'elle, comme un con. Je m'étais juré de ne jamais tomber dans le piège de l'amour, c'était pour les loosers, pour ceux qui veulent tomber enceinte à seize ans pour se marier à dix-huit ans. Comme quoi une personne spécifique pouvait réellement nous faire changer. « Je t'aime bien, tête de noeuds. » lui avais-je confié un soir. Elle m'aimait aussi. Je n'étais jamais tendre avec les femmes, mais je trouvais cette phrase déjà assez difficile à dire que je m'en foutais. Je ne m'intéressais plus vraiment aux études. Devyn passait avant tout, les soirées et la drogue aussi. Malgré nos caractères de merde, nous arrivions à rester souder, on se comprenait par un simple regard. Quand elle allait mal, j'allais mal, quand j'explosais, elle explosait. Nous étions fait l'un pour l'autre. Difficile de résister à la tentation des petites pucelles de quatorze ans qui me couraient aux fesses, mais j'estimais avoir été fidèle avec elle jusqu'à la fin. Un gars qui s'approchait trop près d'elle recevait la trace de mon poing sur sa tronche. On était tellement bien, ici, à Chicago. Mais tout bascula encore du jour au lendemain.

Mon téléphone sonna après avoir remarqué deux appels en absence de Devyn. Ça ne prévoyait rien de bon. « C'est quoi cette merde? Dev, t'as pas intérêt à me laisser! Je vais aller les voir tes putain de parents, ils vont voir à qui ils ont à faire! J'arrive, bouge pas... Quoi? Tu rigoles? T'es déjà dans le train? Tu te moques de moi! Je vais venir te chercher, tu peux pas me laisser Devyn... » dis-je en m'activant dans mon appartement. Je faisais les cents pas. C'était impossible. Comment pouvait-elle partir du jour en lendemain sans me dire au revoir. L'amour était plus fort que tout et grâce à cette force, j'ai appris à accepter sa punition. Je venais lui rendre visite une fois par semaine, mais c'était beaucoup trop douloureux de la laisser filer à chaque fois. J'avais l'impression que c'était interminable. Elle allait me laisser tomber un jour ou l'autre. Je lui restais fidèle quoi qu'il arrivait. Finalement, je décidai de m'installer définitivement avec elle à Bluebell. La séparation ne m'avait rien donné de bon et la revoir me rendait encore plus heureux. Pourtant, dès nos retrouvailles, rien n'allait comme prévu. Elle n'en faisait qu'à sa tête et ne comprenait pas qu'elle avait un copain, moi! Il fallait toujours qu'elle s'entende bien avec des connards dans le genre en chaleur permanence. Je pétais souvent des câbles sur elle même si elle avait l'air de s'en foutre. Pourquoi tout avait changé? Des rumeurs tournaient comme quoi elle était trop proche d'un autre gars. Je ne me souvenais même pas de son nom, un truc moche, tout laid. Je n'ai pas supporté cette pression. Après lui avoir foutu une gifle, j'ai tourné le dos à Devyn en m'éloignant de la ville. Maintenant, je suis prêt à revenir pour pardonner mon acte inacceptable de ma part. Je l'aimais toujours, je pourrais mourir pour elle. Ma Dev était à moi et à personne d'autre, comme je lui disais souvent...

Quelques semaines plus tard, j'avais enfin revu Devyn. Mais je n'ai plus osé la regarder comme avant. Quelque chose me bloquait. Je suis partis en la laissant seule. Mon simple but est de la faire souffrir pour qu'elle regrette ses conneries jusqu'à un crever. Je l'aimerai toute ma vie, mais j'ai une colère tellement puissante qu'au lieu qu'elle la subisse, je m'éloigne d'elle.