Life is Life

Petite soeur pendant longtemps, mais grande soeur également, il n’est jamais évident d’être la cadette dans une fratrie qui comporte trois membres, et telle est la place qu’occupe pourtant Maiwenn chez les Times-Grayson, famille qui fut un temps ne portait que le nom de Grayson, mais nous y reviendrons plus tard. La vie de la jeune femme commença le plus normalement du monde… Second enfant arrivant deux ans après l’aîné, d’une famille aimante et soudée, baignant dans un environnement plus que confortable, aisé, Maiwenn ne manquait de rien, que ce soit en matériel tout à fait superficiel tels que des jouets, en besoin primaire telle que la nourriture ou encore en besoin affectif tels que les câlins, elle était protégée et chouchoutée des siens.

Enfant rêveuse, mais pas dénuée de tempérament, elle était du genre à aimer les contes de fées mais à sa sauce. Quand elle s’imaginait ou jouait les princesses, ce n’était jamais de celles qui attendaient bien sagement le prince charmant et qu’il faut sauver, non elle était de ce celles qui prennent les armes et se battent. Maiwenn a toujours eu une tendance prononcée au féminisme, pour elle en aucun cas une femme n’est inférieure aux hommes, mais elle est assez mature et réfléchie pour ne pas tomber dans l’excès à aller prôner l’inverse non plus. Elle aimait les débats, discuter, argumenter de chose et d’autres et pas seulement de sujets adapté à son âge, elle était curieuse, avide de connaissance et s’intéressait à tout ce qui l’entourait, au monde, à l’économie, à la politique. En vérité, la jeune fille a été décelée enfant précoce, pour ne pas dire surdouée, avant même son entrée en école primaire, ce qui lui a valu le droit de passer quelques classes durant sa scolarité, elle obtint ainsi son diplôme de fin d’études secondaires et entra à l’université avec trois années d’avance.

Sa première année universitaire fut grandement perturbée par un évènement qui la chamboula et qui chamboula absolument toute la famille. Aymeric, son frère aîné de deux ans, qui faisait la fierté de la famille et attirait la plus grosse partie de l’attention de leur parents, ce qui ne dérangeait nullement Maiwenn, qui elle, pouvait profiter de sa vie sans pression. Son frère donc, était un athlète de haut de niveau, mais il eut un accident, le quel eut pour conséquence de voir le garçon plongé dans un coma profond dont les médecins resté pessimiste sur ses chances de réveil. Malheureusement, il y eut une autre conséquence, moins importante ou grave certes, mais tout de même de quoi remettre en cause certaines des idéologies de la demoiselle, notamment concernant sa vision de l’amour. Maiwenn et sa petite sœur Lydia, la benjamine de la famille, ont vu leurs parent se déchirer, se rejetant la faute sur ce qui était arrivé à leur fils jusqu’au point d’en venir à divorcer, ce fut un sacré choc pour elle. Mais mademoiselle Grayson n’est pas du genre à baisser les bras et elle apprit à s’endurcir, à parer les coups de la vie, à prendre les rennes de la famille afin de protéger sa cadette. Elle n’avait que quinze ans, mais elle était suffisamment mature pour porter cette responsabilité. Maiwenn comprenait dans un sens ses parents, elle ne leur en voulait pas de ne plus y croire par moment, de perdre le moral, mais son optimisme à tout épreuve, elle, elle n’a jamais renoncé à croire au réveil d’Aymeric.

Le temps lui donna raison, et après près d’une année à passer chaque jours au chevet de son frère, à avoir mis de côté sa propre vie pour veiller sur celle des autres, Aymeric rouvrit enfin les yeux, c’était inespéré et la jeune fille sauta de joie comme une enfant s’époumonant avec des « Je vous l’avais dit, je vous l’avais dit !». Pendant un instant, le bonheur de retrouver son grand frère occulta tout le reste, seul Aymeric comptait, mais très vite la réalité la rattrapa. Non seulement sa famille était complètement éclatée, les Grayson devinrent les Times-Grayson, chacun des trois enfants ayant décidé de porter aussi le nom de leur mère. Maiwenn pour sa part, ce choix avait été fait parce que même si elle les a vu se déchirer, elle a vu leur souffrance, même si elle les a vu parfois baisser les bras, elle a bien senti qu’au fond ils n’avaient, aucun des deux, jamais réellement perdu l’espoir, c’était donc pour elle une façon de les honorer tous les deux, bien qu’aujourd’hui ils ne soient plus ensemble. Mais durant cette longue et éprouvante année, Maiwenn y a perdu aussi une de ses plus vieilles et précieuses amitiés, celle de sa meilleure amie Mia.

En effet, les deux jeunes filles se connaissent depuis la maternelle, et même avant ça, étant voisines. Du même âge, elles ont toujours tout partagé, les joies, les peines, les fous rires et les bêtises. Très tôt elles s’étaient promis que jamais un garçon ne viendraient se mettre entre elles, que jamais elles ne se brouilleraient pour les beaux yeux d’un homme, et pourtant… C’est Maiwenn qui fit voler cette amitié en éclat, elle le regrette aujourd’hui, mais sur le moment, la pression, la fatigue, la peine, tout ça cumulé n’ont pas aidé à lui garder les idées claires. Déjà depuis quelques temps, la brunette s’était bien rendu compte qu’entre son amie et son frère il se tramait quelque chose, depuis tout gamins à vrai dire, et elle n’avait jamais trop aimé de se voir en trio, elle faisait donc tout pour s’accaparer Mia. Mais en grandissant, en voyant qu’entre les deux jeunes gens il semblait flottait dans l’air plus que de l’amitié, finalement, elle s’était faite à l’idée de partager sa meilleure amie avec Aymeric, du moins inconsciemment, enfin si cela arriverait un jour. Elle ne leur en avait jamais parlé à aucun des deux, d’une part, parce qu’elle-même ne se l’avouait pas vraiment et d’une autre part, ils n’étaient pas ensemble, rien – du moins le pensait-elle – ne s’était passé entre eux et elle ne voulait pas se mêler de ça. Puis il y a ce fameux accident qui plongea l’aîné des Grayson dans le coma et Maiwenn vit Mia venir de moins en moins souvent à l’hôpital, elle ne comprenait pas, et commença même un peu à lui en vouloir. La demoiselle, étant quand même quelqu’un de posé, de mûre et de réfléchit garda cela pour elle, se disant qu’après tout Aymeric n’était pas son frère, et que c’était normal qu’elle continu de vivre sans passer ses journées là, comme elle-même le faisait. Se qui déclencha vraiment la rancœur de Maiwenn et la dispute qui brisa leur si belle amitié, c’est lorsqu’une fois la jeune fille croisa sa meilleure amie au bras d’un autre, et pas n’importe quel autre, celui qu’elle, Maiwenn Grayson, convoitait. Comment celle qu’elle considérait comme sa meilleure amie avait pu lui faire une chose pareille ? Aveuglée par tout ce qu’elle supportait depuis des mois, qui lui brouillait totalement l’esprit, la dispute fut à sens unique, Maiwenn ne laissa pas Mia s’expliquer, elle tourna les talons et coupa définitivement les ponts. Depuis ce jour, elle l’évite scrupuleusement et redoute le jour où elle sera à nouveau face à celle qu’elle considère toujours au fond comme étant sa meilleure amie.

Pendant cette longue année où elle mit toute sa vie entre parenthèse, Maiwenn pour faire passer le temps et les heures à rester aux côtés de son frère entreprit de lire énormément et de faire des recherches sur Bluebell. C’était un projet qu’elle avait prévu de faire durant sa première année d’université, première année qu’elle reporta. Son objectif étant d’écrire un livre, le plus complet possible, sur l’histoire de sa ville natale. Après tout, elle envisageait des études d’Histoire et d’Archéologie, ce projet était tout à fait dans la logique de ses études. Après le réveil d’Aymeric, la jeune fille ayant besoin de relâcher la pression, s’enferma dans ce projet pour mettre en ordre ses recherches et ses notes. Son livre fut publié et rencontra un petit succès auquel, elle ne s’attendait pas, elle avait fait ça comme ça, par plaisir et passion, son entrée à l’université fut donc remarquée et remarquable. Maiwenn prit très au sérieux ses études, elle ne se laissait plus beaucoup de temps pour les loisirs, elle escomptait les finir en avance, pour pouvoir partir pratiquer sa passion et son métier. Maiwenn aime sa ville, sa famille et ses amis, mais elle espère un jour pouvoir partir de là, faire des fouilles sur les cinq continents, voir du pays et en raconter leurs histoires. Finir prof d’Histoire ou d’Archéologie ici à l’université de Mobile, c’était pas franchement dans ses plans, elle rêvait de grandes découvertes, d’aventures, pas d’une petite vie pépère. Mais le sort semble s’acharner sur sa famille et alors qu’elle avait la possibilité qu’elle attendait depuis si longtemps de partir loin exercer sa profession, la nouvelle tomba : sa petite sœur Lydia était malade. Maiwenn était dans l’impasse, perdue et déboussolée, seule face au dilemme qui se postait devant elle, partir réaliser son rêve de toujours ou restait auprès des siens pour veiller sur sa petite sœur. Finalement, son amour de la famille l’emporta, et depuis sa décision prise, elle se révèle être une grande sœur étouffante et surprotectrice avec non seulement la benjamine de la famille, mais également avec tous ces proches. Cependant, Maiwenn cache derrière son grand sourire et ses débordements d’affection, un vide en elle, elle garde encore au fond d’elle cet espoir d’évasion.