La douleur est vive. J'ai du mal à respirer. Mon coeur accélère dans ma poitrine tandis que j'entrouvre les paupières. Tout semble flou, noir. Ma jambe gauche me fait terriblement souffrir. Je tente de bouger mais un cri de douleur s'échappe de mes lèvres. Je suis compressée. J'entends des sirènes au loin...Des sirènes...Mes yeux se ferment petit à petit et je tombe dans l'inconscience la plus totale. J'ai l'impression de rêver, d'être confrontée à moi-même. Une odeur praliné envahit mes narines. Si je pouvais sourire, je le ferais. Je me souviens de New York, de l'appartement minable dans lequel j'ai grandi. Mes parents ont toujours essayé de me donner une vie de rêve malgré la pauvreté de notre quotidien. Je n'ai jamais manquée de rien...Même si je n'étais pas leur vraie fille. Ils m'ont adoptés à l'âge de dix ans. Je fronce les sourcils, j'ai l'impression que les souvenirs s'effacent à mesure que j'y pense. J'ai envie de prévenir quelqu'un mais mes lèvres restent closes. D'ailleurs où suis-je ? Une odeur de médicaments flotte dans l'air. Je ne sens même plus le poids de mon propre corps. Ma famille...Ma vie avant mes dix ans...J'entends hurler dans ma tête. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe tout se bouscule en un instant. Je me revois étant une enfant souriante, courant dans Central Park, je me renvois étant cette adolescente rebelle qui passait sa vie en soirée, je revois cette jeune femme décidant de quitter New York pour changer d'air. Tout ça s'efface en un claquement de doigt. J'ai peur. Je suis terrée dans cette armoire, regardant par la petite ouverture du placard. Du sang. Beaucoup de sang. Je n'arrive pas à comprendre. J'ai envie de pleurer. Je me réveille soudainement en sursaut, un éclat blanc vient brouiller ma vue, une silhouette se dessine au dessus du moi. Je lève les yeux, un médecin. Il me souhaite un bon retour parmi les vivants. Je cligne des yeux, posant l'arrière de ma tête contre l'oreille, me mordant légèrement la lèvre. Après être sortie de l’hôpital en béquilles, les questions étaient toujours là. J'avais quittée New York pour l'Alabama, j'avais alors vingt-cinq ans. Je sais que j'ai grandie quelque part dans le coin, depuis toutes ces années, je recherche le moindre indice sur ma famille biologique et depuis l'accident de voiture dont j'ai été victime, il se pourrait bien que je me rappelle certains souvenirs enfouis depuis lors...En attendant, je suis toujours là. Enfin je cherche toujours, je me démêle toujours. Je commence à prendre mes marques en tant que styliste, je fais quelques tenues pour les petites boutiques de vêtements de la ville. Ce n'est pas grand chose, mais je ne cherche pas vraiment la gloire, juste vivre ma passion. Je passe des heures à dessiner des croquis, des mannequins portant des tenues sublimes. Je couds ensuite, j'assemble, je passe du crayon à la réalité en un claquement de doigt. Je vis dans une petite maison, seule. Je passe ma vie à sortir en soirée et à ramener des hommes différents assez souvent, je n'aime pas les relations sérieuses. J'ai été amoureuse une fois...Mais disons que cela c'est mal fini. L'amour ce n'est plus pour moi. Désormais je me concentre sur ma vie, sur moi.