C'était au moins la sixième fois que je relisais ce livre, ça sonne très cliché mais l'attrape-coeur était sans doute mon roman favoris. J'adorais le fait qu'Holden soit à l'opposé des autres héros de roman et le fait que son auteur soit un vieux fou coupé du monde ajoutait encore plus plaisir à ma lecture. C'était sans doute ce qui me différenciait le plus de mes soeurs, j'étais du genre à vouloir rester tranquille assise sur mon canapé plongée dans un bon livre plutôt que d'aller jouer dehors. On pourrait croire que cela nous éloigne mais c'est tout le contraire, j'aime le fait que Mia et Sila soient des aventurières et que moi je sois le cerveau de la famille. «Tu ne veux pas aller jouer dehors ?» Ma mère faisait des pancakes comme tous les samedis matin, c'était notre truc, elle prépare les pancakes et je les mange. « Je pense qu'à quatorze ans j'ai dépassés le stade d'aller dehors et de toute façon je suis en pleine lecture, je ne peux pas laisse Holen, il risquerait de faire une bêtise.» J'ai toujours été très proche de ma mère, je sais que je peux me confier à elle sans crainte. Je sais qu'elle est fière de mon côté studieux, j'ai toujours été première de la classe et compte même être major de promotion au lycée, mon ambition la rend heureuse même si elle ne dit rien. « Chérie tu parles d'un livre que tu as lu une dizaine de fois, je crois que ce Holden peut se débrouiller sans toi pendant quelques heures.» Il était hors de question de lâcher mon bouquin, c'était peine perdue d'essayer de toute façon. Je n'ai jamais été timide et être en communauté ne m'a jamais dérangé, mais ce que peut m'apporter un livre un être humain ne pourra jamais le faire. «Mais si tu veux je peux t'aider à préparer le repas.» « Avec joie ma grande.» Je n'étais pas très douée en cuisine mais couper les légumes en cubes était ma -seule- spécialité. J'aimais passer du temps avec maman, elle était toujours souriante, j'avais l'impression que je pouvais surmonter n'importe quoi du moment qu'elle était à mes côtés. En résumé elle représentait tout ce que j'aimerais être un jour. « Ca sent bon, on mange dans combien de temps ?» Sila fût la première à rentrer à la maison et aussi la plus affamée. Elle n'était avec nous que depuis un an, nos parents l'ont adoptée mais honnêtement je ne pourrais pas l'aimer plus si elle était ma soeur de sang. Je l'aime autant que j'aime Mia, c'est-à-dire de tout mon coeur. «Bas les pattes petite tête. Va mettre la table et peut-être qu'on fera un effort pour que ce soit près dans cinq minutes.» Elle s'exécuta en obligeant notre père à en faire de même au passage. Une fois tous à table c'est Mia qui a décidé d'enfin nous honorer de sa présence. « T'es en retard.» «Désolé» on échangeait un regard complice. Je pense que je n'ai jamais été aussi heureuse que ce soir-là.