Je venais de naitre. J’étais tranquillement installé dans le berceau de la maternité, dans la chambre que ma mère occupait le temps de notre séjour ici. Je tentais de m’endormir mais un tas de monde était tout autour du berceau, me scrutant dans les moindre détails, apprenant par cœur les traits de mon visage, me touchant délicatement le bout de mon nez ou bien en tentant de prendre ma main dans la leur. Ma mère, elle, semblait épuisée. Apparemment, tout s’était bien passé même si je lui avais fait vivre un vrai calvaire lors de l’accouchement. Mon père, lui, avait un sourire jusqu’aux oreilles et était, lui aussi, au dessus du berceau à me contempler. Je ne comprenais pas pourquoi ils restaient, tous, là et d’ailleurs, je ne connaissais aucune de ces personnes. Tout cela me faisait étrangement peur de là où j’étais, alors je me mis à pleurer. Une des femmes qui me regardait, me pris dans ses bras, ayant eu l’autorisation préalablement de ma mère. Je fus attiré par l’étrange voix qu’avait cette femme âgée. D’après ce qu’elle me disait, elle était ma grand-mère et était ravie de faire ma connaissance. Elle me garda dans ses bras le temps que je me calme et finalement, je m’endormis même dans ses bras. Un peu plus tard dans la journée, de nouvelles têtes m’apparurent au dessus du berceau. J’appris par la suite que j’étais le premier enfant de cette nouvelle petite famille. Mes parents travaillaient tous les deux dans une grande agence immobilière.

J’avais huit ans. Ma mère était venue me récupérer à mon entrainement de football américain. J’en faisais depuis mes cinq ans et j’adorais ce sport. Le seul problème que j’avais, c’était que j’avais toujours voulu que mon père vienne me voir à l’entrainement ou lors d’un match. Mais à chaque fois que je lui demandais, il me répondait toujours : « Fiston, tu sais que papa a énormément de boulot en ce moment. Je viendrais te voir quand tout le travail de papa sera presque terminé, je te le promets. » Ma mère était d’accord avec moi pour le coup, mais elle ne faisait pas non plus grand-chose pour faire changer les choses. Souvent, le soir, alors que mes parents pensaient que je dormais profondément, je les entendais se disputer dans leur chambre. Ils se disaient des horreurs pendant des heures et à chaque fois papa passait la nuit dans le canapé du salon. Alors chaque matin, je questionnais mon père sur le fait qu’il dormait là mais jamais il ne m’avait réellement répondu. En réalité, je crois que devant moi, ils faisaient bonne figure et ne me montraient pas qu’ils se disputaient plus souvent qu’ils ne se parlaient calmement. En même temps, mon père était toujours, soi-disant, en voyage d’affaire pour son agence immobilière. Et ma mère pendant ce temps là, passait du temps avec ses copines à dépenser leur argent dans les casinos. Je le savais parce que ma nourrice, qui vivait avec nous à la maison, m’avait expliqué que ma mère se changeait les idées en jouant aux cartes ou à je ne sais quels autres jeux de ce genre. Puis, un soir, alors que je rentrais de l’école avec la mère d’un de mes copains, je surpris mes parents une nouvelle fois en train de se disputer. Ils ne m’avaient pas entendu rentrer dans la maison. Lorsqu’ils m’aperçurent, ils se sentaient gênés et ne savaient pas quoi dire. « Pourquoi vous vous disputez tout le temps ? » Demandais-je en les regardant fixement. Je n’étais pas prêt de bouger sans avoir eu de réponse. « Papa doit encore partir en voyage d’affaire, mon grand. » me répondit ma mère en s’agenouillant devant moi.

J’avais douze ans. Je vivais dans une belle et grande maison à Bluebell. J’étais tout de même heureux : ma mère me laissait faire absolument tout ce que je voulais. En même temps, elle n’avait pas trop le temps de s’occuper de moi, entre toutes les bouteilles d’alcool qu’elle s’enfilait par jour. Mes parents étaient divorcés. Ils avaient divorcés quelques jours après le soi-disant voyage d’affaire de mon père. Ma mère m’expliquait qu’en réalité, il voyait une « pouf » comme elle disait. Je m’en fichais, mon père je le voyais quand j’en avais envie également, avec ou sans ma mère. Ma mère, elle, demeurait seule avec ses bouteilles d’alcool vides qu’elle essayait de me cacher. Elle ne travaillait plus, profitant de l’argent que nous donnait mon père.

« Mais tu es complètement ivre ! » « Oooh ça va, c’est certainement pas toi qui vas me faire la morale avec tout ce que tu t’enfiles en une journée !! » Ma mère ne répondit pas. J’avais dix-neuf ans. Cela faisait sept ans que mon père était parti de la maison et que ma mère et moi vivions seuls. Je revenais de fêter mon anniversaire, mes dix-neuf ans. Avec des potes, nous avions été dans les bars puis nous avions fini la soirée en boîte. Alors forcément, je n’étais pas un très bon état. Mais j’aimais ça. Cette sensation d’être bien, d’être libre, d’avoir passé une excellente soirée, d’avoir bu, d’avoir dragué. J’étais devenu quelqu’un de très fêtard, quelqu’un de très joueur. J’aimais la notion du danger et ça m’excitait. Depuis le départ de mon père, de la maison familiale, j’avais complètement changé. J’étais devenu un garçon mystérieux qui attirait toutes les filles. Je me moquais pas mal des règles qu’on m’imposait et faisait à ma sauce. Oui j’étais devenu insolant. Oui le petit garçon trop gentil et bonne poire était devenu tout le contraire. Je jouais avec les filles, j’aimais qu’elles me résistent lors d’une soirée puis finalement passer la nuit avec l’une d’entre elles.

J’avais vingt-deux ans. Je rentrais de mes cours quand je vis une voiture que je n’avais jamais vue auparavant, garée devant chez moi. Ca ne pouvait pas être mon père puisqu’il était parti vivre en France. Cependant, ma mère avait pris l’habitude de changer de copain comme de chemise, donc je me doutais que c’était l’un d’entre eux. « Faut que je te laisse, j’te rappelle plus tard. » Je raccrochai. J’étais au téléphone avec une des ces filles avec qui j’avais couché une nuit et qui revenait à la charge. Bref, j’entrais chez moi, me faisant bien entendre par ma mère et par ce mystérieux inconnu. Ma mère accourut dans le couloir, le sourire aux lèvres. Elle me serra dans ses bras, ce qu’elle n’avait pas fait depuis une éternité mais je me laissai faire. « Mon chéri, enfin tu es rentré. Maman doit te parler. » Elle me parlait comme si j’avais encore 6 piges. Mais j’avais compris son manège et j’avais peur de d’entendre ce qu’elle avait à me dire. « Je t’écoute. Tu t’es rachetée une nouvelle vie et t’as décidé d’arrêter de coucher avec tous les hommes mûrs de la ville ? » Je savais que ça n’allait pas lui plaire mais ce qu’elle allait me dire n’allait pas me plaire non plus. Je m’avançais dans le salon. Là, j’y aperçus un homme, un peu plus vieux que ma mère, classe et élégant. Je ne le reconnus pas tout de suite. « Je te présente ton futur beau-père. » Je ne répondis pas et l’homme se présenta à moi. Quand il me dit son nom, je compris de suite. Son nom de famille me rappela un moment de ma vie que j’avais passé avec une fille qui portait le même nom que lui. Je ne dis toujours pas un mot quand on sonna à la porte. Ma mère s’empressa d’aller ouvrir. « Maiwenn, je suis tellement heureuse de faire enfin ta connaissances. » Qu’avais-je entendu ? Maiwenn était la fille de cet homme, mon futur beau-père. Je n’en revenais pas. Maiwenn avait été pendant un certain temps ma petite amie. Mais j’avais agi en vrai salop avec elle, lorsque nous étions ensemble. Cela faisait un bout de temps que l’on ne s’était pas vu, elle et moi. Lorsque mes yeux se posèrent sur elle, je ressentis comme un sentiment de regret. Je regrettais d’avoir agi comme ça avec elle au moment où nous étions ensemble. Mais au final, je n’avais toujours pas changé. Mais elle, physiquement, elle avait tellement changé. Visiblement, nous serons amenés à nous voir assez souvent vu que nos parents allaient se marier ensemble.